Quart de finaliste de la CAN 2012, la Guinée équatoriale a eu recours à des naturalisations massives pour monter une équipe compétitive.
Quatre Camerounais (Douala, Pensi, Eyama et Fidjeu), deux Ivoiriens (Konaté, Kamissoko), un Libérien (Doe), un Brésilien (Clementino Silva), un Colombien (De la Cruz)… La Guinée équatoriale est la sélection qui comptait le plus de joueurs naturalisés lors de cette CAN 2012.
Interrogé par 20 Minutes, Samuel Denantes-Teulade, secrétaire de l’association France/Guinée-Equatoriale et auteur du livre Malabo, Guinée équatoriale – Le nouvel eldorado pétrolier de l’Afrique va même plus loin. Il affirme que cette équipe a été tout bonnement « construite de toutes pièces ».
« On est allé chercher un entraîneur reconnu en la personne d'Henri Michel (démis de ses fonctions en 2011, ndlr). Il a lancé un processus de naturalisation de joueurs étrangers de façon aléatoire via ses connaissances et son réseau. Il n’y avait vraiment pas de raisons de retrouver en sélection des Colombiens, des Sénégalais ou des Brésiliens (…) La majorité des sélectionnés ne parlent pas l’espagnol, qui est la langue officielle du pays et ne sont pas nés au pays*. La Guinée Equatoriale a acheté une équipe, comme elle achète le reste. Tout est arbitraire, tout est aléatoire donc imprévisible. Mais il y a de l’argent et les choses peuvent aller très vite. Ils sont donc capables de monter une équipe compétitive en partant de rien ».
Pour rappel, le destin de la Guinée équatoriale a basculé un beau jour de 1995 avec la découverte de gisements de pétrole. D’abord insensible au sport, le pouvoir en place semble avoir changé d’avis.
« Cette CAN est un peu l’aboutissement d’un processus de montée en puissance du pays (…) Il s’agit avant tout de passer un message à la communauté internationale : le nouveau pays qui compte en Afrique, c’est la Guinée équatoriale », conclut Samuel Denantes-Teulade.
L’avis d’Hervé Renard, sélectionneur de la Zambie et récent vainqueur de la CAN 2012 : « Je pense que la FIFA doit se pencher là dessus. Je serai très déçu si, dans dix ans, je vois une équipe nationale aligner cinq joueurs n’ayant aucun lien avec le pays. Si ça venait à se produire, ce serait une honte. C’est pourquoi je demande à la FIFA d’être très vigilante sur ce sujet » (Source : Reuters).
* Parmi les 23 joueurs équato-guinéens retenus pour cette CAN, seulement deux (Bokung et Ovono) seraient nés dans le pays.
Pour en savoir plus :
- Présentation de la Guinée équatoriale (vidéo)
- Ces Camerounais qui font la CAN (article)