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3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 14:24
Talange Hip-Hop Contest #2 : le «j'aime» / «j'aime pas» d'Isma

De l'énergie, des moves, du groove, du flow, des bonnes vibes... En toute subjectivité, à la suite de ce Talange Hip-Hop Contest 2e édition qui a accueilli plus de 160 danseurs (venus de la Grande Région, de Belgique et du Luxembourg), on vous fait part de nos impressions.

«OK, OK, OK. Talange Hip-Hop Contest 2e édition, c'est parti ! Public, est-ce que vous êtes lààààà ?» - «Ouaiiis !» - «Ouah, c'est un public de fatigués, ça ! Je vous préviens, il va falloir vous réveiller, car vous n'êtes pas prêts pour ce que vous allez voir !» Toge Adidas bleue et jaune siglée du numéro 75 sur les épaules, Sadat Sekkoum, le speaker de l'event, plante d'emblée le décor.

«La première édition du Talange Hip-Hop Contest (NDLR : en mai 2022) a été un véritable succès. Celle-ci s'annonce, vu notamment le nombre de spectateurs présents (NDLR : 400), géante et "bordélique" !», lance tout sourire Rachel Zirovnik, vice-présidente du Conseil départemental de la Moselle déléguée à la Jeunesse. L'indémodable Everyday People d'Arrested Development résonne dans les boomers, ce qui nous laisse penser qu'on va passer une bonne soirée.

  • J'AI AIMÉ

- Le moment «Nutella» : la démo de SamSam (juge 1 vs 1 all style)

En entrant dans le gymnase Maurice-Baquet, on l'a tout de suite remarqué assis sur sa chaise de juge avec sa veste brune et son écharpe blanche autour du cou. Ce côté classe, élégant, il doit à coup sûr le tenir en partie de son «robotique» beau-père Habib (Alliance Artistic, Thionville), toujours vêtu d'un smoking impeccable, d'un chapeau et de chaussures à la Michael Jackson. Ce dernier avait, avec Jean-Marc (Tomblaine City Breakers, TCB), en tout début de soirée (20 h 35), fait monter la température du public avec un instant popping bien huilé (5 minutes). Plus de trois heures plus tard, à minuit passé, SamSam est venu claquer sa démo. Et quelle démo ! On en a pris plein les yeux ! Sa manière de contracter ses muscles sur le son est vraiment mortelle. Assurément, une des plus belles étoiles hip-hop de notre région et l'un des meilleurs poppeurs d'Europe.

- Le coup de cœur : Eyes Cold (HDMI CrewDijon)

Perso, on ne la connaissait pas, donc on a appris à la découvrir. Ou plutôt son art. Son nom ? Eyes Cold (HDMI Crew, Dijon) ! Elle nous a régalés avec son popping bien senti, ses bonnes vibes. D'abord lors des qualifs «all style» (1 vs 1), puis en quart de finale contre le fantasque «guest» luxembourgeois El Hueco. Derrière sa gueule d'ange se cache en réalité une bête à sang-froid, limite une tueuse à gage... au regard glaçant. Capable de vous refroidir puis de vous anéantir même sur Happy de Pharell Williams, c'est dire ! À plusieurs reprises, lors de ses «moves» robotiques, on a vu l'un des juges, SamSam (Alliance Artistic), a priori «valider» via un sourire complice ce qu'elle faisait. Eyes Cold verra son parcours s'arrêter en demie contre l'expérimenté Ssimka (Les Alchimistes, Nancy), tenant du titre du «THC» et futur vainqueur d'une belle finale contre Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau). Pas de regrets à avoir, donc, ce coup-ci, pour la miss qui sera à suivre de près à l'avenir. 

- La progression : Lion (Footzbeul, Reims)

Couvé par ses «grands frères» Ismaël et Baghdad (Footzbeul/Studio 511, Reims), Lion (Mattéo Lecomte), muni de sa belle crinière blonde, poursuit sa progression. On a noté désormais beaucoup plus d'amplitude et de propreté dans ses mouvements. Sa sélection pour intégrer le pôle espoirs de breakdance en vue des JO de Paris 2024 n'y est sans doute pas étrangère... Stoppé avec son compère Matwo en quarts de finale du 2 vs 2 break, il sera battu lors de la finale kids par le Belge Spinx (LCB). Pour autant, la relève Footzbeul semble assurée...

- Le coup de gueule sur les poules mouillées... à fumer !

Dans un battle, il y a toujours un round d'observation, une part d'intox avant que l'un des deux danseurs (ou crews) ne se décide de se lancer en premier dans l'arène. Encore plus lorsqu'il n'y a qu'un seul passage de 30 secondes ou que les choses deviennent sérieuses, bref qu'on avance dans la compétition. Mais au THC, il n'y avait pas de stylo, pas de bouteille pour déterminer qui allait commencer. Ça se regardait un peu trop avant le dernier 8e de finale de break... Sadat a alors dégoupillé, balancé son porte-bloc au sol et poussé un gros coup de gueule sur les poules mouillées : «Si vous êtes sûrs de vos passages, n'attendez pas, allez-y, fumez-les ! On est déjà grave en retard et demain matin en plus, vous savez, y a la messe...» Même sentence un peu plus tard en all style pour le «guest» Lil Toons, finaliste de la 1re édition, rappelé à l'ordre et invité à débuter face à l'expérimenté Ssimka (Les Alchimistes, Nancy). 

- Sarah Bidaw remplacée au pied levé par Nouna

À cause d'un petit souci personnel, Sarah Bidaw a dû écourter en milieu de soirée son passage en Moselle. Juste avant de partir, avec ses bouclettes et sa doudoune blanche, la queen de la house dance est venue saluer chaleureusement Nouna (Yvonnette Hoareau) qui était assise au premier rang... et qui allait - elle ne le savait pas encore la remplacer comme juge all style  (1 vs 1). Il faut dire que Nouna avait le background, le CV, la street credibility pour. Elle n'est autre que la femme de Lokos (Sébastien Vela Lopez, juge 1 vs 1 break du THC), tous deux pionniers de la danse hip-hop à Strasbourg... et la mère de b-girl Zouza - vainqueure de la 1re édition du THC (2 vs 2 break confirmé) avec Thug - et qu'on a entendu se plaindre contre les juges après avoir été sortie cette année en 8es de finale par Hamza et Malekinho (HDMI Team, Dijon). Avec Lokos, Nouna a fait partie de l'aventure Magic Electro débutée en 1995, puis ils ont décidé plus tard en 2007 de créer la Compagnie Mira, et plus récemment (depuis 2020) d'aider à faire émerger les jeunes danseurs via le projet Facccrew (Fabrique artistique culturelle et citoyenne), toujours dans le 67. Et les années qui passent n'ont pas altéré leur passion de la danse... Franchement, c'est beau !

- Le «call out» plus ou moins arrangé  

Quelques minutes plus tôt, le speaker avait déploré qu'aucun danseur n'avait été «chercher» les juges lors de cette 2e édition du THC. 23 h 45. Kenzo (Génération Z) saisit la perche... euh le micro que lui tend Sadat pour contester la décision des juges. «Je ne suis pas d'accord avec leur décision...», se contente-t-il de dire. En effet, les frères Winterstein (Joitte crew) ont été éliminés en quarts de finale par les futurs vainqueurs belges du 2 vs 2 break confirmé (Saïdon et Tetris, LCB, Awkward Scientists). Les spectateurs se mettent alors en cercle, ça crée tout de suite une atmosphère particulière, il y a de l'électricité dans l'air. La tension monte, ça va régler ses comptes. Par le biais de la danse. Kenzo, son frangin Maiky et le local Below (qui s'est tapé l'incruste pour le kif) font face aux 3 juges (Ismaël, Julee One - futur juge aux JO de Paris - et Filco). Même s'il y a toujours dans pareille situation la volonté de montrer ses muscles, ce qu'on sait faire, de prouver que l'on est meilleur que l'autre, ce «call out» plus ou moins arrangé s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. Rien à voir, par exemple, avec le «chanmé» Funky Belgian'Z vs Premier Avertissement qui avait eu lieu aux Rotondes de Luxembourg (2018)...

- Les galettes des DJ, Cali et Fonkmaz

Double E, «Street Fighter Riddim» 

Artful Dodger, «Re-Rewind» (feat. Craig David)

MFSB, «Family Affair»

Soopasoul, «If It Ain't Funky Back It Up, Pt. 1»

Ray Foxx, «Universal Translator»

Bell Biv Devoe, «Poison»

James Brown, «Super Bad» (Parts 1 and 2)

Kenilworth Katrina, «More Fire»

Technotronic, «Pump up the Jam»

Beyoncé, «Break My Soul»

Heavy D and The Boyz, «Now That We Found Love»

  • J'AI MOINS AIMÉ...

- La qualité de la sono

C'est l'une des premières choses que l'on a malheureusement remarquées en arrivant dans le gymnase Maurice-Baquet. La sono saturait rapidement, donc ça gâchait un peu le plaisir d'écouter les galettes balancées par les deux DJ, Cali et Fonkmaz. Et il fallait, par moments, vraiment tendre l'oreille pour comprendre ce que disait au micro le speaker pourtant plein de bonne volonté, Sadat, au cours de la soirée.

- Gare à l'indigestion de break

Certains diront qu'on pinaille. Mais durant la phase finale, l'enchaînement des 8es, des quarts, puis des demies des battles (2 vs 2 break confirmé) nous a paru long (14 battles de break d'affilée en près de 1 h 15). OK, c'est facile à dire mais entre les tours, il aurait peut-être été bon de «couper», d'alterner un peu avec les kids (1 vs 1, -16 ans) ou le all style (1 vs 1) pour casser la monotonie qui commençait lentement à s'installer. 

- Café, pistaches... et puis quoi encore !

Peu avant 21 h, lors du 1er battle des 8es de break, un b-boy s'est pointé tranquillement avec son café dans la main... et l'a posé sur la table des DJ. Durant son passage, il a même semé des pistaches sur le floor. OK, ça prête à sourire... Un peu de fun, de légèreté, de folklore, c'est bien. Mais un minimum de sérieux, parfois ça n'est pas mal non plus ! L'univers des battles, ce n'est pas le monde merveilleux des Bisounours ou des Télétubbies. Même si c'est peaceful, on est clairement là pour se rentrer dedans ! 

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Les vainqueurs de l'édition 2023 du Talange Hip-Hop Contest (THC) :

2 vs 2 break confirmé : Saïdon et Tetris (LCB, Awkward Scientists) battent Dacos et Narko (OPB, Prizon Break Rockerz, Belgique)

1 vs 1 all style : Ssimka (Les Alchimistes, Nancy) bat Yes'in (Stand'Up Crew, Haguenau) 

1 vs 1 kids (- de 16 ans) : Spinx (LCB, Belgique) bat Lion (Footzbeul, Reims)

Pour en savoir plus :

- Vidéo du Talange Hip-Hop Contest (THC) #2

- L'album photo de Gaelle Robert

- L'album photo de Chouka Fresstyleur (Nicolas Riviere)

- La page Facebook de l'event

- Talange Hip-Hop contest : cœur sur vous ! (article)

Talange Hip-Hop Contest #2 : le «j'aime» / «j'aime pas» d'Isma
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