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25 avril 2023 2 25 /04 /avril /2023 15:50
On dit souvent que l'athlé est une grande famille... Pas vrai ? (Photo : © Facebook/Le Renouveau Yussois)

On dit souvent que l'athlé est une grande famille... Pas vrai ? (Photo : © Facebook/Le Renouveau Yussois)

Au cours d'une soirée «entre amis» teintée de nostalgie organisée par l'Entente Sportive Thionville-Yutz Athlétisme, quatre champions français ayant participé aux Jeux olympiques (Ronald Pognon, Eddy Riva, Emmanuel Romary et Ronald Servius) ont partagé leurs souvenirs marquants. Forcément savoureux et croustillant !

462 jours avant le début des Jeux olympiques à Paris (et 495 avant les Jeux paralympiques), un magnifique colloque organisé par l'ESTY sur le thème «La préparation olympique, la participation et l'après-olympisme» s'est tenu à Yutz, salle Bestien. Quatre athlètes internationaux français ayant participé aux JO sont venus témoigner de leurs parcours respectifs. Et ils en ont profité pour lâcher quelques dossiers... Dans leurs yeux, pas de doute, la flamme de l'athlé est toujours intacte !

Le président de L'ESTY, Frédéric Mazoyer, au micro. (Photo : © Esty Athletisme)

Le président de L'ESTY, Frédéric Mazoyer, au micro. (Photo : © Esty Athletisme)

«C'était open bar !»

«Une fois aux JO d'Athènes (2004), j'arrive dans un autre monde, raconte Ronald Pognon, premier Français à avoir couru le 100 m en moins de 10 secondes. Je débarque dans le village olympique, je vois le plus grand resto du monde, il y a même un McDonald's dedans, c'est dire ! Différentes cuisines sont proposées : africaine, maghrébine, etc. On nous a juste dit : "Faites attention, vous êtes jeunes, n'allez pas sous un paquebot ! (il rigole)". Et je me rappellerai toujours, la première chose qu'on nous a donnée lorsqu'on est arrivés au village, c'est un welcome bag. À l'intérieur, il y avait un genre de badge à l'effigie de Coca-Cola (qui est un des partenaires historiques des JO) et avec, on pouvait se servir à volonté en boissons gazeuses de la firme américaine dans tout le village. C'était open bar et on allait aussi tout le temps manger ! Résultat, en l'espace de 10 jours avant la compétition, tout l'affûtage qu'on avait, on l'avait perdus parce qu'on était jeunes, parce qu'on voulait vivre ces Jeux, cette aventure et cette ambiance incroyables. On a participé à la cérémonie d'ouverture, au défilé qui était très long, très usant, très fatigant. Je me revois encore en train de filmer avec mon caméscope, je vivais un rêve éveillé. Pour ma part, je me suis bien amusé, car c'est là que j'ai rencontré de grands champions tels que Kobe Bryant, (Tim) Duncan, Ronaldinho, Messi qui était alors tout jeune... Je me souviens, on était comme des gamins. J'ai adoré ces premiers Jeux.»

En boîte au côté... de Carl Lewis

«Les Jeux, c'était une expérience fantastique, lance Ronald Servius, sauteur en longueur et triple sauteur au regard espiègle. Au village olympique, on rencontre des stars, des athlètes qu'on regardait à la télé. Certains prennent des photos avec ou leur demandent des autographes (NDLR : Eddy Riva a notamment confié qu'il n'avait pu s'empêcher d'en demander un à Roger Federer). Pour ma part, lors du dernier jour à Sydney (2000), c'est la fête, on va en boîte de nuit avec les copains. Et tout à coup, attablé, je me tourne et qui je vois à ma gauche ? Carl Lewis !!! Là, j'étais un peu bouche bée, je ne savais plus quoi faire... J'avais du mal à réaliser. Typiquement, la magie des Jeux. C'est comme lorsque des milliers de personnes vous encouragent dans un stade, frappent dans leurs mains avant un saut. Ça vous transcende, il y a une ambiance électrique, une atmosphère spéciale, c'est exceptionnel. Je crois que des moments comme ça, on ne le voit et on ne peut le ressentir nulle part ailleurs qu'aux JO !»  

Arron, spécialité chambre flambée

«Des anecdotes, forcément, on en a plein, plein, plein..., jubile le marcheur français Eddy Riva. Par exemple, notre sprinteuse Christine Arron (NDLR : recordman d'Europe du 100 m en 10'73") qui oublie une casserole sur une plaque de cuisson aux JO de Pékin (2008) et qui, revenue de sa balade une heure plus tard, a la surprise de trouver les pompiers dans sa chambre car ça sentait le brûlé et qu'il y avait de la fumée..., ça c'en est une bonne, non ? (Il se marre.) Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que dans le village olympique, ça vit 24 h/24, c'est super bruyant... Il y a un risque de se disperser et donc on peut vraiment s'y perdre ! Je me souviens aussi du jour de mon 50 km marche. J'avais réussi à m'endormir à 1 h (NDLR : son compagnon de chambrée n'était autre que Yohann Diniz, recordman du monde du 50 km marche), je me lève à 4 h, je suis en mode guerrier au petit-déjeuner avec mon Gatosport et mon café... Je m'apprête à aller au combat. Et là, qui je vois déambuler devant moi à cette heure-là ? Des fêtards de nageurs français qui, eux, bien sûr, en avaient terminé avec la compète... La natation étant généralement programmée en 1re semaine de l'olympiade.»

Les innombrables «physios» des Experts !

«À Pékin (2008), pour la finale olympique du handball masculin (Islande-France) avec les Experts, c'était complet, il n'y avait plus de places, explique Eddy Riva. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris notre "accrédit" – "Tu l'as fait ?", lance-t-il hilare à Pognon –, on est montés du village olympique dans le bus des filles du hand (notamment Isabelle Wendling) jusqu'à la salle. Et une fois là-bas, on s'est fait passer pour des physios. "Si, physio, physio !". Du coup, on a pu entrer comme ça... C'était un dimanche, le dernier jour des Jeux, on était tous libérés. Et là, il y avait 2 tribunes remplies par des supporters de l'équipe de France. Une chauffée par Jean-Luc Reichmann, le fameux présentateur, et l'autre par le double médaillé olympique de taekwondo, Pascal Gentil. Ah Pascal, il était vraiment bon !!! (Ronald Pognon éclate de rire)

La sieste salvatrice de Servius

6 août 2000, Nice. Championnats de France. Sixième et dernier essai du concours de saut en longueur. En bout de piste, Ronald Servius se tape énergiquement les joues. Pour l'instant, le sauteur de poche (1,69 m, 65 kg) n'a pas réalisé les minima requis par la FFA et n'est donc pas qualifié pour les JO de Sydney (Australie). La suite appartient désormais à la postérité... «Il y a une chose que pas mal de gens proches de moi savent, c'est que je dors beaucoup, facilement, même dans des situations où... qui ne seraient peut-être pas..., glisse avec malice Ronald Servius. Donc, effectivement, entre le 5e et 6e (essai), je me suis endormi... et c'est le speaker qui m'a réveillé. En dormant, je l'ai entendu appeler mon nom pour dire que le prochain à sauter, c'était moi ! En fait, cette microsieste m'a permis de me ressourcer, de me recanaliser et de me recentrer sur ce dernier essai. Sur le coup, j'explose mon record, puisque je passe de 8,11 m à 8,24 m. Après le saut, en sortant du bac à sable, ma plus grosse crainte, pour valider ma qualification, c'était le vent (dont la vitesse ne doit pas dépasser 2 mètres par seconde). J'étais dans la fourchette et ensuite, eh ben c'est l'explosion de joie !»

Ronald Pognon, Eddy Riva et Frédéric Mazoyer. (Photo : © Esty Athletisme)

Ronald Pognon, Eddy Riva et Frédéric Mazoyer. (Photo : © Esty Athletisme)

La petite phrase de Krumbholz

Qu'est-ce qui change dans la vie des athlètes quand on a fait les Jeux ? «Ben "Manu" (NDLR : Emmanuel Romary) l'a très bien dit, souligne Eddy Riva, on ne serait pas là, devant vous, ce soir. Et il y a une autre personne qui l'a très bien décrit et je vais reprendre ses paroles, c'est Olivier Krumbholz (NDLR : l'historique sélectionneur de l'équipe de France féminine de handball), il est de Longeville-lès-Metz, ce n'est pas loin d'ici... Je me rappelle très bien. On est assis sur un banc, au village olympique, à Athènes, et il me dit : "Ah, Eddy, t'es originaire de près de Thionville, c'est ça ? Ce sont tes premiers Jeux ? Eh ben, sache que dans le regard des gens, quelqu'un qui fait les JO, c'est synonyme de réussite sociale. Je n'ai pas mesuré ce point-là quand il m'avait dit ça. Et c'est vrai que lorsqu'on fait les Jeux, au regard des gens, on a réussi notre vie...» 

«Ce qui se passe aux Jeux olympiques...»

«La fin de la compétition, c'est aussi la fin de la fête. Les Jeux olympiques, il ne faut pas oublier que c'est une fête ! On s'est tous éclatés, mais ce qui s'est passé aux Jeux olympiques... reste aux Jeux olympiques !», conclut Ronald Servius dans un clin d'œil plus ou moins dissimulé à Very Bad Trip.

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Pour en savoir plus : 

- BPCE L'Observatoire : étude 2023 sur l'économie du sport (article)

- La publication Facebook de remerciements de l'ESTY à la suite du colloque (lien)

- Quelques photos de la 33e édition du meeting inter-frontières de Yutz (lien 1) (lien 2)

[Athlé/JO] Les anecdotes savoureuses de Pognon, Riva, Romary et Servius 
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