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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 18:29

 

 

Alors que la présidente lituanienne a refusé de lui accorder la nationalité du pays début janvier, la patineuse américaine Isabella Tobias (21 ans) conserve néanmoins une petite chance d’obtenir le précieux sésame. Et donc une lueur d’espoir de participer avec son partenaire Deividas Stagniunas aux Jeux olympiques de Sotchi l’hiver prochain.

 

A l’occasion des fêtes de fin d’année, Isabella Tobias avait laissé sur un sapin situé place de la mairie à Kaunas, un petit mot à l’attention du Père Noël. Sur lequel on pouvait lire : « I wish to granted Lithuanian citizenship for Christmas ». Le tout, avec un cœur et des anneaux olympiques. Car la petite blondinette est amoureuse et rêve de participer aux Jeux de Sotchi en février 2014.

 

Malheureusement, le 7 janvier, comme on pouvait s’y attendre, il n’y a pas eu de miracle. La présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a refusé de lui accorder la nationalité du pays balte.

 

La faute à des conditions d’acquisition pour le moins drastiques.

 

« La nationalité n'est pas un cadeau ou une récompense nationale. Selon la loi, la personne doit avoir un mérite particulier pour l'Etat lituanien. La nationalité ne peut être accordée pour des réussites à venir », explique la conseillère Rasa Svetikaite à l'AFP.

 

Isabella Tobias est née et a grandi à New York. Depuis le printemps 2010, elle patine avec le Lituanien Deividas Stagniunas qui est son partenaire sur la glace et désormais son compagnon à la ville. Ils s’entraînent à Novi, dans le Michigan.

 

Champion de Lituanie en titre en danse sur glace, le couple Tobias-Stagniunas a déjà disputé les Championnats du monde (en 2011 et 2012) et les Championnats d’Europe de patinage (en 2012) en concourant à chaque fois sous la bannière jaune-vert-rouge.

 

Sauf qu’aux Jeux olympiques, à l'inverse de ces compétitions, il est nécessaire d’avoir la nationalité du pays que l’on représente. Isabella doit donc impérativement obtenir son passeport. 

 

Isabella : « Nous sommes leur meilleure chance de médaille »

 

Pour mettre toutes les chances de son côté, l’Américaine s’est même mise depuis un an au lituanien. Convoquée le 20 décembre dernier par la Commission de la citoyenneté, elle a eu droit à un test de langue.

 

A l’écrit d’abord, où elle a répondu correctement à 58 des 60 questions. Puis à l’oral où la dite commission a voulu en savoir plus sur ses motivations. Au cours de cette réunion, les nerfs d’Isabella, mis à rude épreuve, lâchent : « J’ai pleuré. Je les ai suppliés. Je leur ai dit : ‘‘S’îl-vous-plaît, nous avons donné notre sang, notre sueur et nos larmes pour la Lituanie. Nous avons continué à patiner lorsque la mère de Deividas était gravement malade (elle est décédée peu après les Championnats du monde 2012, ndlr) et en dépit de nos blessures. Nous avons toujours tout donné », assure-t-elle à icenetwork.com.

 

Comment expliquer que la Lituanie rechigne aujourd’hui à lui donner la nationalité alors que, dans des circonstances similaires, elle l’avait accordé sans sourciller à la Russe Margarita Drobiazko en 1992* ?


Isabella a sa petite idée : « Ils ont estimé que je n’ai pas rendu de services exceptionnels à la société lituanienne, alors que nous sommes leur meilleure chance de médaille aux prochains JO. Je ne suis peut-être pas suffisamment intégré. Je peux comprendre cet argument, mais ici il n’y a ni les installations, ni les entraîneurs dont nous avons besoin (ils sont actuellement coachés par l’ancien patineur russe Igor Shpilband, ndlr) ».

 

Dans les semaines qui ont suivi le refus de nationalité, une pétition a vu le jour sur la toile. A l’heure actuelle, elle recense 6206 signatures. Au Parlement lituanien, un groupe de travail chargé de la jeunesse et du sport tente de trouver un amendement à la fameuse loi.

 

« Nous allons essayer de résoudre ce problème en modifiant la loi sur la citoyenneté, mais sans modifier la Constitution », a expliqué le social-démocrate Juras Požėla dans les colonnes du Lietuvos rytas.

 

Le précédent Copely

 

Espérons qu’Isabella Tobias connaîtra un meilleur sort que celui réservé à Katherine Copely. En 2010, sa compatriote, qui patinait alors avec... Deividas Stagniunas, s’était en effet qualifiée pour les Jeux de Vancouver. Mais elle n’avait pu y participer, se heurtant au refus catégorique des autorités lituaniennes de lui octroyer un passeport.

 

« Katherine Copely ne parlait pas lituanien », coupe Isabella. « Ils n’ont jamais demandé à la voir en entretien. Ça n’a jamais été plus loin que ça. Tandis que nous, avec notre médaille de bronze au Skate America (obtenue en 2011) et notre place dans le top 10 européen, nous croyons fermement en un dénouement différent ».

 

Se disant « dévasté » après le refus initial, le couple Tobias-Stagniunas, a, après mûre réflexion, décidé de continuer de s’entraîner.

 

Forfait lors des Championnats d’Europe fin janvier - Deividas souffrait du dos -, ils se préparent actuellement pour les Championnats du monde qui se dérouleront dans un mois au Canada.

 

Tout en essayant de ne pas trop penser aux JO et à cette histoire de papiers.

 

« Désormais, nous voulons seulement nous concentrer sur notre patinage. Si nous travaillons durs et que nous faisons le job, nos performances parleront d’elles-mêmes », conclut Isabella.

 

C’est peut-être le meilleur moyen de pousser le pouvoir en place à revoir sa copie !

 

* La Russe Margarita Drobiazko avait obtenu la nationalité lituanienne en 1992 soit avant qu’elle atteigne le top 10 européen et qu’elle se marie avec son partenaire Povilas Vanagas.

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commentaires

S
Pour une fois qu'on a l'impression que l'acceptation d'une nationalité n'est pas qu'une affaire de gros sous mais représente vraiment quelquechose pour les deux parties... Affaire à suivre...
Répondre