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12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 18:07
Le « fish style » a une nouvelle fois sévi, samedi, au M Club… Ça valait bien un petit « selfish »!

Le « fish style » a une nouvelle fois sévi, samedi, au M Club… Ça valait bien un petit « selfish »!

La cinquième édition du battle « On S’en Fish » a fait bien plus que des vagues… Un déluge de bonnes vibes s’est abattu sur les danseurs et spectateurs, samedi au M Club de Luxembourg. Allez, pour vous, comme dirait La Fouine, on rembobine!

Quand on aime, on ne compte pas… Surtout pas les kilomètres. Dimanche, le Rennais Hugo Gérart aka Yuco (30 ans, OTTN) s’est levé aux aurores, a pris sa voiture et mis le cap sur le Grand-Duché. Et qu’importe s’il fallait se coltiner plus de 700 bornes. « L’occasion était trop belle, nous glisse-t-il alors qu’il patiente sagement dans le hall d’entrée du M Club de Hollerich. Ça faisait déjà quelque temps que je voulais rendre visite à mon pote ‘‘ Dany ’’, ancien b-boy reconverti aujourd’hui dans le coaching sportif au Luxembourg. Alors quand j’ai vu sur le net qu’il y avait le battle ‘‘ On S’en Fish ’’, je me suis dit banco. Car ça me permet de joindre l’utile à l’agréable, de me confronter à de nouvelles têtes, de venir tester le niveau de l’Est. » Et assurément de faire aussi de belles rencontres. Comme celle de l’Italien Diego Dolciami aka Odd Sweet (27 ans, Underground Dance Providers), son covoitureur Blablacar qu’il a récupéré en cours de trajet à 10 h à Paris.

16 h 17, avec trois quarts d’heure de retard, les présélections débutent enfin dans une ambiance intime et tamisée. Le terrain de jeu se trouve au beau milieu de la piste de la boîte de nuit du M Club. Chose qui, bizarrement, se fait de plus en plus rare. « C’est pourtant le meilleur lieu pour danser !, assure Mamson (Serial Stepperz/Wanted Posse, Paris), l’un des juges. En boîte, tu jouis d’une qualité de son. Et dans ce genre de configuration, en cercle, où les gens sont regroupés autour de toi, t’encouragent, crient, s’expriment, ben quand tu danses tu peux vraiment ressentir l’énergie, ça te donne de la force. Perso, j’ai découvert la house comme ça en soirée à Paris en 1999 en allant au Queen, au Rex ou encore à la Coupole. Donc aujourd’hui, pour moi, c’est un peu comme un retour aux sources ! »

Le Rennais Yuco (OTTN) en pleine action ©MoRa Creation

Le Rennais Yuco (OTTN) en pleine action ©MoRa Creation

Des cartouches par-ci par-là

Objectif pour les quelque 70 danseurs engagés dans ces qualifs : aller à l’essentiel durant leur passage, car seulement 8 seront retenus par discipline (break, popping, house). Casquette jaune à l’envers sur la tête, Be One (Recovery crew, Luxembourg) ouvre le bal. Après quelques pas de préparation debout (top rock), il enchaîne au sol. Deborah, elle, est la première fille à se jeter à l’eau. Ça wave plutôt pas mal. Parfois, faut avouer, c’est vraiment chaud. Certains n’ont pas le temps, distillent quelques « cartouches »* l’air de rien en passant. À l’image de SamSam (Dbz Fam, Thionville) en pop, qui tout en subtilité, allie contraction musculaire et robotique sur le beat. Assis sur le canapé, Blondy, un autre juge, en avalerait presque sa touillette à café : « Ah, les Benattou**, c’est vraiment du lourd, savoure-t-il. Si tu ne les connais pas, j’ai envie de dire, va faire tes devoirs. » Ou bien alors retourne jouer aux billes ou à… Tetris!

17 h 03, Mehdi Dimey, tout excité au micro, prévient l’assistance : « Attention, cette discipline-là… La, lala, la, la… » Cette discipline-là, c’est la house dance. Celle qui coule dans ses veines. Celle, cardio, des BPM (battements par minute), des steps. Celle, capable d’un coup d’un seul, via une musique inspirante, de vous envoyer loin, dans un autre monde, sur une autre planète, dans un autre univers. Ce n’est pas son collectif House of Monkeys, l’Allemand Parish ou encore la Lilloise Sarah Bidaw (Cie Art-Track), venue en civil faire un petit coucou à «(s)a petite famille», qui diront le contraire…

Les BG ont allumé le feu     

17 h 44, pas l’heure d’Obama, mais celle d’Habama ! Deux jeunes frangins métis (Habibi et Amadu Couhl) plutôt baraques et beaux gosses, originaires de Cologne, spécialisés dans les percussions (batterie, doumdoums, djembé, pan…). Ce sont eux qui sont chargés de la musique dans la catégorie « musicolofish ». Et dès les premières notes, les premiers moves des danseurs, on est saisi, pour ainsi dire pris aux tripes. D’un coup, l’intensité est montée non pas d’un mais de plusieurs crans. On entre clairement dans une autre dimension, proche du non-mesurable. Se fiant à leur oreille et leur instinct, les danseurs, à l’instar de So Flacka (COD crew, Wiltz), paraissent tout à coup habités, connectés avec le son. En réalité, ils sortent de leur zone de confort, lâchent prise. C’est tribal, profond, on tutoie quelquefois la transe. D’autant que le tout est saupoudré de temps à autre d’une petite touche « house » du plus bel effet.

Les yeux de Mehdi – le speaker – ronds comme des billes, résument assez bien à cet instant le sentiment général. Il est choqué par ce qu’il vient de voir, n’en revient pas. Il vient de se prendre, comme nous tous, une belle claque dans la tronche. « Non, mais waouh… Waouh !!! My God !!! », hurle-t-il en levant les sourcils au ciel. Soudain, de la fumée jaillit de par et d’autre des DJ (Fonkmaz et Scapin). Oui, ces deux frangins germano-ivoiriens, façon Johnny, ont vraiment allumé le feu!

Odd Sweet, entouré ici par les frères Amadu et Habibi Couhl (Habama)

Odd Sweet, entouré ici par les frères Amadu et Habibi Couhl (Habama)

Et dire que ça n’était que l’échauffement… Après une savoureuse crêpe au Nutella et un Because I Got High d’Afroman repris en chœur par toute la boîte, le battle repart de plus belle… Aux alentours de 22 h, le Rennais Yuco (break) et l’Italien Odd Sweet (house, musicolofish), les deux fameux covoitureurs Blablacar, parviendront à se hisser tous deux jusqu’en finale. Mais devront, finalement, se contenter du pilulier avec les bonbons en forme de poisson réservé aux seconds. Rageant ? Oui et non, car l’esprit de ce battle « On S’en Fish », ce n’est pas forcément celui de la gagne à tout prix. Plutôt celui, bon enfant, de la fête foraine. En gros, ici, y a pas de gagnants, pas de perdants! « C’est du chill*** à l’état pur, de  l’échange, du partage, bref, de la distribution de bonheur », nous dira Hamtaro (House of Monkeys). Où il suffit juste de laisser parler son cœur…

Ismaël Bouchafra-Hennequin 

 
* Les cartouches, c’est la palette de munitions (exécution de mouvements difficiles et techniques, musicalité, originalité…) dont dispose un danseur dans son arsenal, et qu’il doit savoir distiller à bon escient au fil des tours.
** Samir Benattou aka SamSam fait partie d’une famille renommée de poppers de la culture hip-hop. Son beau-père Habib et sa sœur Van Van étaient également présents à l’évènement samedi.
*** Chiller : passer du bon temps, profiter.

Les résultats du battle « On S’en Fish » #5 :

Finale break : Gvo (Illusion crew, Strasbourg) bat Yuco (OTTN, Rennes)
Finale popping : SamSam (Dbz Fam, Thionville) bat Joel Brown (Div’Style crew, Strasbourg)
Finale house : Faboo (Cie Bruno Marignan, Paris) bat Odd Sweet (Underground Dance Providers, Paris)
Finale musicolofish : Faboo (Cie Bruno Marignan, Paris) bat Odd Sweet (Underground Dance Providers, Paris)

Souvenez-vous aussi de ces moments de communion sur du Usher, du Montell Jordan ou encore du Erick Sermon... Et pour prolonger le plaisir, DJ Scapin et DJ Fonkmaz ont eu la gentillesse de nous filer 3 gros sons à kiffer sans modération :

- Break : Fusik - Wham
- Popping : Fingazz - Winning (Instrumental)
- House : Eric Kupper pres. K-Scope - Stargazer

Pour en savoir plus :

- La page Facebook de l'évènement

- Le condensé de l'article de présentation du battle sur le site du Quotidien

- Quelques vidéos du battle « On S’en Fish » #5 (1), (2), (3), (4), (5), (6), (7), (8) avant celles
« offishal »

- Les vidéos officielles du battle « On S’en Fish » #5 (ici)  

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