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10 juin 2019 1 10 /06 /juin /2019 19:26
La Slovaque Lus Juklova, vainqueure de cette 2e édition de « Mindless » / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

La Slovaque Lus Juklova, vainqueure de cette 2e édition de « Mindless » / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Sortir de sa zone de confort, aller plus loin, explorer de nouveaux horizons : voilà ce qui était proposé aux participants de la compétition de danse expérimentale, samedi soir, aux Rotondes de Luxembourg.

 

« Bienvenue dans un univers sans conscience, Mindless ! » Safouane, le MC de la soirée, gilet et cravate noirs impeccables, surgit de nulle part. Quelques instants plus tôt, dans l'obscurité, en voix off, le « vizir » a créé une atmosphère. Avec ses mots emplis de poésie, on se serait cru dans un conte. Après avoir questionné le lien entre l'être et l'avoir, il a évoqué les 5 sens (l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher et la vue) et abordé un 6e... l'intuition. Ce soir, lors de la 2e édition de Mindless, fameuse compétition de danse expérimentale, les participants en auront plus que jamais besoin. Car, dans le cadre intimiste de la Black Box des Rotondes, à Luxembourg, c'est avant tout un voyage qui s'offre aux danseurs et au public. Un voyage qui explore le temps, l'espace, le corps et l'être.

 

Les Belges Mounâ Nemri et Elora Pasin / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Les Belges Mounâ Nemri et Elora Pasin / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

19h26. Sur la piste, les 2 Gémeaux, les Belges Mounâ et Elora s'élancent. L'enjeu est de taille : décrocher l'ultime billet pour la phase finale. « On dirait une manthe religieuse, une bête », me glisse ma mère en voyant Mounâ se mouvoir au sol. T-shirt Dragon Ball Z sur le dos, elle semble possédée. Mais c'est la connexion entre les deux danseuses, alors à égalité, qui donne le ton de la soirée.

 

Sans filet

 

19h35. Le premier round de la compète peut commencer. Les 16 finalistes (12 constellations – les qualifiés – et 4 éléments – les guests) sont répartis en 4 groupes de 4. À leur disposition, sur le floor, des bâtons en bois ou en plastique et des élastiques. Durant le temps imparti (2 minutes), certains cherchent à communiquer, partager, échanger (en croisant leurs regards, en se frôlant, en se faufilant, en se donnant la main, en créant un lien par le biais d'un accessoire, etc.), ce qui donne lieu à de bons moments (notamment des portés magnifiques). D'autres, en revanche, n'ont pas bien compris le concept et dansent malheureusement seul dans leur coin. Autant dire que ceux-là ne feront pas de vieux os dans le compète...

Sohu, Marta et Arthy (groupe 1) / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Sohu, Marta et Arthy (groupe 1) / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

En voyant l'Italienne Ambra (vainqueur du Juste Debout Amsterdam 2018, catégorie « expérimental ») échouer par deux fois à faire le lance-pierre avec une chaussure (NDLR : une bonne vieille Reebok Classic NPC II), on saisit néanmoins toute la difficulté de l'exercice. Expérimenter, c'est, sans filet, créer, découvrir, rechercher. Sortir de sa zone de confort, prendre des risques. Et tant pis si ça fait pschitt !

 

20h02. Après un jeu créatif pour occuper le public, on passe au 2e round. Huit danseurs ont été retenus et s'affrontent cette fois en battle (1 vs 1) sur des sons d'une époque tirée au sort (des années 30-40 aux années 90-2000). L'Espagnol Sohu joue exagérément de son charme sur The Third Eye de Roy Ayers, la Néerlandaise Yvonne Smink, d'une souplesse infinie, après nous avoir interpellés au départ avec ses chaussettes un brin trouées, les déchire et fait mine de se lécher les orteils... De son côté, Feeds, façon Will dans Le Prince de Bel-Air, singe son adversaire, César, et scotche l’assistance en bougeant, tel un joli toutou, ses oreilles au rythme de la musique.

Yvonne Smink / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Yvonne Smink / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

La froideur de Jill Crovisier, la chaleur des Happy Brothers

 

20h32. Place aux shows ! Récente lauréate du Lëtzebuerger Danzpräis 2019, Jill Crovisier, cheveux blonds plaqués, se pointe sur scène avec un impair bleu acier et des lunettes de soleil métalliques sur le nez. Sa performance Zement, the solo crée une atmosphère froide, glaçante. La main humaine construit des murs, divise, sépare et Jill interroge notre responsabilité là-dedans. Pas pour rien qu'elle se permet de tous nous flinguer à un moment... Chapeaux sur la tête, vestes colorées, les Happy Brothers, tout droit venus de Belgique, enchaînent avec un numéro déjanté où ils détournent des scènes cultes du cinéma, de cartoons. Chez eux, le smile est omniprésent et ça déménage ! On aurait dit des Super Saiyans en feu !

Jill Crovisier, Zement, the solo / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Jill Crovisier, Zement, the solo / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

21h33. Après une pause et un jam de folie passé notamment aux côtés de Kriss et Franklin sur le parvis des Rotondes, on retourne à l'intérieur de la salle pour les demi-finales (Sohu vs Lus et Yvonne vs Feeds). Cette fois, la contrainte est la suivante : danser sur le son que l'on a choisi, puis sur celui de l'adversaire. Casquette orange vissée sur le crâne, Aamar, le DJ, sort une galette dont il a le secret et qui met en émoi Mugi The Kid, l'un des juges. « Ah, ah... Damn !!! », s'écrie ce dernier, telle une chouette, en bondissant de son siège. La démo des 3 « dieux »... euh « juges » (Kriss, Mugi et The MacSpencer) se clôture par un lâcher de confettis assez fun et inattendu de MacSpencer, plâtre au poignet et lunettes gadget avec des rideaux de fil multicolores, alors qu'il regagne sa place.

Les 3 juges : Mugi The Kid, The MacSpencer et Kriss Mensa / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Les 3 juges : Mugi The Kid, The MacSpencer et Kriss Mensa / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Une œuvre éphémère avec un élément naturel, l'eau

 

22h12. L'ambiance tamisée est requise. Finale 100% féminine, Lus Juklova vs Yvonne Smink. Match Slovaquie - Pays-Bas. Lucy Angeloni aka Medusa (30 ans), de l'ASBL Knowedge, nous avait au préalable confié que le concept de la finale serait lié aux technologies. Tout en veillant à n'en pas en dire plus, pour ne pas vendre la mèche... Mais lorsque le drap tagué « Mindless » est retiré, on découvre un écran lumineux de 6 mètres de long, un « Waterlight Graffiti », inventé par Antonin Fourneau.

Lus Juklova / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Lus Juklova / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Les deux finalistes devront danser à tour de rôle. En se servant dans un récipient d'eau, elles pourront, en appuyant sur le mur, allumer des milliers de led. La Slovaque Lus (Švadleny Kytaristky crew) s'y colle la première. La native de Bratislava s'en donne à cœur joie pour créer son œuvre éphémère, faire corps avec elle. Hyper souple, l'artiste d'Europe centrale lève sa jambe puis commence à tremper son pied, et tel un pinceau, le fait glisser sur « sa » toile au rythme de la musique (Petals de Bibio). Les mouvements avec les différentes parties du corps – bouche, tête, mains, dos, abdos... – sont doux, harmonieux, parfois nerveux, saccadés, brutaux. Durant sa presta, la belle blonde écrira symboliquement le mot « MOVING », dessinera un soleil ou jettera encore de l'eau dans le public. C'est loin d'être aisé « d'écrire », de laisser une trace sur ce foutu mur... « It doesn't want !!!», s'exclamera-t-elle, dépitée, à un moment donné.

Après un nettoyage express façon Zouk Machine du mur, c'est désormais à Yvonne, la pole danseuse, de se frotter à l'exercice et de réaliser sa composition artistique. À la différence de la Slovaque, la Néerlandaise semble moins prisonnière du « mur », joue avec, s'y agrippe, ressent la musique (Hope, de Pete Josef). On la voit gagner. Mais après concertation, les juges en décideront autrement (« Tonight, Mindless of 2019 winner is... Lus !!!»). Pas grave en soi, car tout y était dans cette soirée : on a vécu de belles émotions et on est reparti de là avec plein d'étoiles dans les yeux !

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin


PS : Les vidéos de la 2e édition de Mindless enfin dispos ici !!!


En amont de l'évènement, la présentation des juges, de quelques guests et des shows avait été faite sur le site internet du journal luxembourgeois Le Quotidien (article 1) (article 2). Pour liker la page Facebook du « canard » , c'est par !

Photo de famille avec les 2 finalistes, les juges et quelques membres de l'ASBL Knowedge / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

Photo de famille avec les 2 finalistes, les juges et quelques membres de l'ASBL Knowedge / © Sjoerd Derine (www.sjoerdderine.com)

RDV au « Double Impact » à Mons le 26 octobre !

Cheveux tressés, la Belge Elora Pasin est venue faire la promo du prochain évènement à couleur « expérimental » qui se tiendra dans la Grande Région : le « Double Impact », le samedi 26 octobre prochain, de 16h à 21h, à la Maison Folie de Mons (Belgique). Les duos de danseurs seront tirés au sort et devront improviser selon une contrainte (de mouvement, de thème, d’objet ou d’espace), elle aussi tirée au hasard. Plus d'infos : https://www.facebook.com/events/2125284647761693/

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