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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 23:35

Ezra Human beatbox L'Autre Canal Nancy 28 novembre 2013 La fine équipe (Elodie, Aurélia, Mylène, Jean-Marc, moi, Chloé, Guillaume,
Jean-Philippe, Kolia, Ezra, Thomas, Christine et Marc). © Aude Meuret/ L'Autre Canal

Les 27 et 28 novembre derniers à L’Autre Canal à Nancy, nous avons participé à un atelier d'initiation au beatbox par Ezra, directeur artistique de la compagnie Organic Orchestra et accessoirement l’un des tous meilleurs représentants français de cette surprenante discipline issu du mouvement hip-hop. Récit.

 

Jeudi, 18h. « Hé mec, t’es un passionné ! Tu sais que t’es en avance d’une demi-heure ? », nous lance Vincent Gaugain, responsable du pôle accompagnement-ressources (musiciens/associations) de l’Autre Canal. Pour tuer le temps, on discute un peu avec lui. Béret blanc sur le crâne et lunettes sur le nez, Vin’s (d’Apassionada) nous explique qu’il est originaire des Ulis (91). Passionné de danse et de théâtre, il œuvre pour le développement et la valorisation du patrimoine artistique et culturel hip-hop depuis une vingtaine d’années. Sweat Arabiq Flavour sur le dos, il prétend qu’ « Ezra et son compère L.O.S (Laurent Duprat, ndlr) sont les premiers beatboxeurs français à avoir poussé la technique aussi loin ».

 

 

Quelques délicieuses notes de guitare électrique viennent interrompre notre discussion. Dans la grande salle, Keziah Jones répète avec ses musiciens en vue du concert qu’il donnera le soir même. Mais les portes sont fermées à clef. Pas de quoi cependant altérer la bonne humeur de Marc Genatio, de la MCL Gérardmer, présent à nos côtés, qui préfère profiter à fond de ce moment, les oreilles grandes ouvertes.

 

18h30. Sweat gris et jeans baggy, Ezra arrive avec un verre de jus de pomme à la main. Tout le monde le suit et entre dans la salle. On se met debout, en cercle. Objectif : s’échauffer la bouche en faisant vibrer les lèvres et… en lâchant un max de postillons ! En fait, comme lorsqu’on ‘‘souffle’’ après une dure journée de boulot (« Pfff ! »). Sauf qu’ici, on s’amuse à jouer avec la vibration : celle-ci peut-être plus ou moins serrée ou ample, plus ou moins localisée (devant, à gauche, à droite de la bouche). Et, on peut même y ajouter la voix !

 

On enchaîne ensuite avec les sons issus de la batterie vu la veille dans des phrases rythmiques :

- « P/p/p/p... »
- « Pf/pf/pf/pf… »
- « P-ts-pf… »
- « P-p-ts/ p-ts »
- « P-p-ts/ clac-ts…»
- « P-p-ts/ k-ts… »
- « P-p/ts-ts/ clac-ts… »
- « P-p/ts-ts/ k-k-ts… »
- « P-p/ts-ts/ k-k… »  

 

Voici d’autres phrases que l’on a également travaillées : 

- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-ca… » (Variante : enlever les voyelles, prononcer la phrase + ou – vite)
- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-k… »
- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-k ×3 » + puis quelqu’un désigné au hasard doit faire un son de son choix (Variante : impro en duo, en trio).

 

« Cool, chouette », sourit Ezra. Après tout ces efforts, on a bien mérité une gorgée d’eau. « N’oubliez pas de boire. Comme en chant, ça permet d’hydrater les cordes vocales. Mais ça sert aussi à remplir tous nos résonateurs. Du coup, on sonne mieux ! », précise-t-il.

 

- Autre petit jeu

L’idée : y’a toujours trois personnes qui jouent.
Le premier fait une rythmique assez basique (« t-t-ts… »).
Le deuxième joue de la basse (« durum-dum/ dum dum dum… »).
Le troisième fait de la trompette.

Au bout de 4 cycles, chaque son se décale vers la droite dans le cercle. A chaque fois, une personne s’arrête et on en incorpore une nouvelle. Effet garanti !

 

Au fur et à mesure que l’on avance, ça se complique, ça devient de plus en plus chaud à suivre. On est pas loin de la cata, de la cata, de la catastrophe comme diraient Les Trois Frères !

 

- « Poum/tikiti-tiki-cla/tikiti-tiki-boum » (de plus en plus vite)

 

- « Il est 5h30, 6h du matin, le soleil va se lever. On est à la plage. Je vous laisse imaginer tous les sons qu’il peut y avoir… », indique Ezra. On entend successivement le bruit du vent, le cri d’une chouette, le chant des cigales, un chien qui aboie, une sono se trouvant au-loin qui crache des décibels.  

 

- « M-m-m-m…» (chœur)
- « M-m-m-m… » + téter.
- « M-m-m-m… » + claquements de langue (façon Drop It Like It’s Hot de Snoop Dogg)
- « M-m-m-m… » + bisous simples (puis bisous avec rythmique « P-p-k »).

 

- 5 petits groupes sont formés. Comme lors d’un exercice précédent, Ezra invite tour à tour chacun d’eux à intervenir, à l’accompagner. Il s’amuse ainsi à mélanger les sons.   
1) « M-m-m-m… » (basses)
2) « P-p-k/ts-ts/p-p-k…» (charleys)
3) « Tsi-t/tsi-t/tsi/+fff en inspirant… » (cigales)
4) « A-a-a/a-a-a… » (chorale)
5) « Zip-zuuu/ zip-zuuu… » (fermeture éclair)

 

20h19. Direction la petite salle de L’Autre Canal. Au beau milieu de la pièce, le créateur lumière Bruno Teutsch, debout sur une grande échelle, effectue quelques réglages. Ezra nous présente le dispositif de sa dernière création Bionic Orchestra 2.0, mêlant human beatbox et nouvelles technologies. Les enceintes, les vidéoprojecteurs, les points de lumières et de son… sans oublier son fameux gant en cuir interactif.

 

Un outil qui, comme le note justement Marie Lechner de Libération, « lui permet de sampler sa voix par simple pression sur ses phalanges, de contrôler le volume, mais aussi de spatialiser le son, de déclencher les lumières et les vidéos ». Avec sa démo, Ezra nous laisse tous bouche bée, les yeux émerveillés. Pas de doute, samedi on sera bel et bien là pour voir ça : Bionic Orchestra 2.0.

 

20h40. On applaudit Ezra. On le remercie pour ce stage d'initiation super enrichissant. Et avant qu’on parte, il veut avoir notre ressenti sur ses deux jours passés ensemble. Kolia s’y colle : « Je pense qu’on aimait tous le beatbox de loin. Cet atelier nous a permis de mettre une âme. Tu vois, c’est pas du virtuel, c’est pas de l’internet. Ça nous a permis de voir vraiment l’humain, ‘‘l’human’’ dans le beatbox. Moi, en tout cas, ça m’a donné envie de continuer. Comme je fais de la scène - je fais beaucoup de cris, des choses comme ça -, je vais pouvoir le travailler. Bref, cet atelier m’a ouvert une voie. A moi, ben à nous tous quoi, désormais d’approfondir le chemin… »

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin    

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