De la sueur, du sang et des larmes… Revivez les finales du Championnat de France Amateur Seniors Hommes 2013 qui se sont déroulées le 23 février dernier à Hayange (Moselle).
49 kg : Marcus Gévia (19 ans, St Denis La Réunion) bat Dylan Beccu (19 ans, Athletic Boxing Divion Calonne) aux points (20-19).
Marcus Gévia où l’histoire d’un fils qui a troqué ses crampons de foot pour des gants de boxe en regardant un jour une K7 d’un combat de papa Raymond*. Favori après avoir éliminé le tenant du titre Georges Ory (Angers B.C.) en demie, le Réunionnais a pourtant du mal à entrer dans sa finale. Tendu, crispé, quasiment à côté de la plaque dans le premier round, il se fait remonter les bretelles par son père durant la pause. L’effet est immédiat. Marcus se ressaisit, grignote peu à peu son retard grâce à des touches nettes en sortie et parvient même à l’emporter sur le fil (20-19). La première ceinture nationale de la soirée est décernée à Marcus. Papa Raymond, fou de joie, se précipite sur le ring et saute dans ses bras façon Zacharie Noah à Roland-Garros en 1983. « Ouais la Réunion ! », crie un spectateur. Dylan, en pleurs, crie au vol. Sa famille aussi. Car c’est lui, le petit, qui a fait le combat. Dur à avaler un an après avoir perdu la finale des championnats de France juniors face à ce même Marcus. Décidément, sa bête noire.
* Combat contre Kamel Djadda lors d’une demi-finale du championnat de France.
** Marcus Gévia est le 11e Réunionnais sacré champion de France.
52 kg : Elie Konki (20 ans, BAM Les Mureaux) bat Driss Yalaoui (20 ans, BAM Les Mureaux) aux points (20-13).
Un crève-cœur. Voilà ce représente ce combat pour Moktar Hadjri, l’entraîneur des deux boxeurs. « Je les adore, c’est mes mômes. Je peux pas. J’aurai le cœur serré quand l’un y perdra ou pour l’autre », confie-t-il à Arnaud Romera, journaliste de France Télévisions dans Tout le Sport*. Elie et Driss sont partenaires d’entraînement, amis dans la vie et ce soir ils s’affrontent pour la première fois… en finale du championnat de France amateur dans la catégorie des poids mouches (-52 kg). Pour ce duel fratricide, Moktar a choisi de rester spectateur. Elie et Driss sont exceptionnellement coachés par des amis du club. Et sur le ring, disons que ça se regarde, un peu, beaucoup… « Allez, faut que ça cogne ! », s’impatiente un spectateur à quelques secondes de la fin du second round. Au cours de la dernière reprise, le rythme s’accélère. Ça se voit et ça s’entend. « Pff… Pff ». Les coups de poing sont accompagnées avec le souffle. Sur un énième direct du bras arrière d’Elie, Driss en perd son protège-dents et le combat est interrompu. Preuve que les deux potes ne se font plus de cadeau. Le gong final retentit. Accolade pleine de respect entre Elie et Driss. A l’issue des trois rounds, Konki est logiquement déclaré vainqueur aux points (20-13). Il conserve ainsi sa couronne et « confirme son statut de numéro 1 de la catégorie », a indiqué dans les colonnes du Parisien le DTN Kévinn Rabaud. Une marche au-dessus de Driss, son frère d’arme.
* Emission du 25 février 2013.
56 kg : Anthony Bret (23 ans, AS Montferrandaise) bat Elias Friha (19 ans, St Maur) aux points (13-10).
« Fais gaffe Antho, c’est une fausse patte ! »*. Ultime recommandation d’un proche avant de débuter le pugilat. Ce soir, Anthony Bret sait qu’il doit se méfier. En face de lui, se dresse Elias Friha, un boxeur gaucher qui combat en fausse garde, c’est-à-dire avec ses pied et poing droits en avant. Toujours dangereux. Durant la semaine, le Montferrandais s’est donc habitué à boxer « en miroir ». Il a pris des repères, élaboré un schéma tactique. Il a aussi travaillé avec une attention toute particulière le crochet gauche au foie capable de terrasser d’un coup, d’un seul, son adversaire. Après, Antho sait que dès que le gong aura retenti, tout ça deviendra de la littérature, du flanc. Il faudra surtout réussir s’adapter dans le feu de l’action, sur le ring. On assiste à une première reprise assez fade. Les deux combattants se cherchent et peu de touches arrivent. Mobile et puissant, l’Auvergnat délivre ensuite des séries à mi-distance. « Allez, 1,2, 3… Allez travaille, travaille, travaille », l’encourage son coach Tony Maulus. Elias Friha, lui, évolue en contre. Mais dans le 3e round, Antho boxeur malin et roublard, fait parler son métier. Elias se retrouve à deux reprises au sol, poussé à la faute par son adversaire. Déjà sacré en 2012, Bret, qui a raté de peu la qualification pour les JO de Londres, l’emporte au final 13-10. « Ah… l’expérience ! », me souffle mon voisin de droite. Il s’appelle Adrien Dos Santos, il a 67 ans. C’est un ancien boxeur et entraîneur d’origine capverdienne du Boxing Club de Florange. Il sait de quoi il parle. Cela fait presque un demi-siècle qu’il est dans le milieu de la boxe. Pas vraiment un novice en la matière.
* Rocky Balboa est le plus célèbre des gauchers évoluant en southpaw (fausse patte ou garde inversée). « Southpaw » est également le titre d’un film en projet qui sera réalisé par Antoine Fuqua.
60 kg : Oualid Belaoura (22 ans, ABC Roubaisien) bat Sofiane Oumiha (18 ans, Toulouse Bagatelle) aux points (19-16).
« Au vu du palmarès des deux boxeurs, je peux te dire que ça va être un bon petit combat », m’annonce Adrien Dos Santos. Il a raison. Cette finale des -60 kg est très attendue. C’est un choc, un vrai. Entre Oualid Belaoura, solide international multi-médaillé* - qui revient au plus haut niveau après une longue pause d’un an pour blessure -, et Sofiane Oumiha, l’espoir qui monte. Ils s’avancent tour à tour en direction du ring sur « Not afraid » d’Eminem. Entendent peut-être furtivement ces paroles : « I’m manning up, I’ma hold my ground »**. Tout donner pour ne rien regretter. Le combat est âpre, disputé, hyper tactique. Mais avec le recul, il s’est peut-être joué dans les toutes premières secondes. Lorsque le puissant Belaoura a piqué à froid son adversaire. « C’est dommage (…) ‘‘Soso’’ se fait toucher d’entrée à un œil et ça l’a gêné », confiera ensuite à ladepeche.fr Philippe Girard, le directeur sportif du Boxing Toulouse Bagatelle. Touché mais pas coulé, Oumiha réagit en faisant apprécier sa vitesse de bras et sa précision. Mais grâce à quelques belles accélérations dans le 3e round, le Roubaisien s’impose à l’arrivée 19 à 16. Une vraie perf’ car il inflige ainsi sa première défaite en France à « Soso », médaillé de bronze des championnats du monde junior en 2012. Oualid remporte au passage son sixième titre de champion de France amateur. Hip hip hip hourra pour Belaoura !
* Oualid Belaoura, c’est un palmarès long comme le bras : champion de France cadet en 2006, champion de France junior en 2007 et 2008, champion de France senior en 2009 (-54kg) ainsi qu’en 2010 et 2013 (-60kg). Cette année, en demie, il avait déjà réussi à venir à bout d’Eric Dagard (UP Saint-Denis), le tenant du titre.
** Littéralement, « Je ne lâche rien, j’y vais à fond ! ».
64 kg : Hassan Amzile (25 ans, B.C Reuil) bat Abdel-Malik Ladjali (19 ans, ABC Roubaisien) aux points (20-20, puis préférentiel).
« Allez Malik, allez Malik ! Encore, encore ! ». Dans les gradins, au premier rang, un monsieur s’égosille et tape nerveusement dans les mains. Il vit intensément la finale des -64 kg entre Abdel-Malik Ladjali et Hassan Amzile. Il distille aussi des conseils à la pelle. « Avance sur lui, Te jette pas ! » – « Faut monter sur le ring lui donner un coup de main ! », lui glisse malicieusement Adrien. – « Pff…si seulement… c’est mon fils ! », lâche-t-il en soupirant. « Vous fatiguez pas, y mène aux points », tente de le rassurer Adrien. – « Non non, y perd ! ». Papa Ladjali a vu juste. Son rejeton accuse un retard de quatre points à l’issue du premier round (4-8). C’est pas vraiment le moment de discuter. Il se retourne et l’encourage de plus belle : « Allez Malik, allez Malik ! ». D’abord frileux, son fils s’engage plus, prend des risques. Il revient progressivement dans le combat, recolle au score (20-20). Egalité. On est obligé de faire le tour des juges pour départager les deux boxeurs. Au bout de quelques secondes, la décision tombe : « Avantage coin bleu ». Hassan Amzile l’emporte d’un cheveu. Cruel pour Malik et son papa. « Tout le monde dans la salle a sifflé. Après, qu’est-ce que tu veux faire ? Le système de la scoring-machine est ce qu’il est… Mais surtout, qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire à mon fils pour le réconforter ? Vous savez, y va pas comprendre ce vol. Faut pas oublier qu’il n’a que 19 ans, c’est encore un gamin ». Un gamin plein d’avenir.
+91 kg : Jonathan Nacto (23 ans, MJC Cannemasse) bat Dimitri Balossa (27 ans, BAM Les Mureaux), abandon jet de l'éponge dans le 3e round.
Place à la catégorie des « no limit au-delà ». Autrement dit, les super-lourds (+91 kg). Généralement des gabarits hors norme, impressionnants. Style les agents de sécurité wallisiens de l’époque du Leclerc Fameck, si vous voyez ce que je veux dire ! Des grandes baraques, des mecs imposants, costauds, musculeux, à qui y vaut mieux ne pas chercher des noises. Sinon comme dirait La Fouine, « Ça fait mal, ça fait mal ». Bref, je referme la parenthèse. Ce soir à Hayange, c’est David contre Goliath. Le longiligne Jonathan Nacto est face à la montagne Dimitri Balosa. Pas mal de spécialistes ne donnent pas cher de sa peau. « Y’a du K.-O. dans l’air ! », lance Adrien Dos Santos. Ce qui est sûr, c’est que cet affrontement promet de faire des étincelles. Lors du premier round, les deux colosses se craignent. Au lieu d’accepter le combat, ils décident de pourrir la finale avec des accrochages intempestifs. « Allez-y, embrassez-vous ! », peste Adrien. « Le bisou, le bisou ! », reprennent en chœur quelques plaisantins. Alors que le puissant Balosa s’entête à boxer à mi-distance, il se fait toucher à plusieurs reprises par le bras arrière de Nacto. Compté dans la 2e reprise, il tente de refaire son retard dans le 3e round. Mais il se fait cueillir en contre par Jo. K.-O. debout, titubant sur le ring, Balosa contraint son entraîneur à jeter l’éponge. 25 ans que la Haute-Savoie attendait un successeur à Laurent Boudouani, sacré en 1988… Avec Jo Nacto, agent de sécurité dans le civil, c’est désormais chose faite !
91 kg : Abdoulaye Diane (24 ans, NA Rouen) bat Jean-Georges Charpentier (19 ans, Nîmes Boxe), abandon jet de l'éponge dans le 3e round.
Juste avant la finale des poids lourds, Adrien a une nouvelle prémonition : « Ce combat non plus, il n’ira pas à la limite ». Il a déjà vu à l’œuvre Abdoulaye Diane, double vainqueur de la ceinture Montana (en 2008 et 2011) et sociétaire de l'équipe des Faucons du Désert d'Algérie en WSB. Un boxeur à la morphologie à la Mike Tyson. Petit et trapu, agressif et très offensif. Et, selon lui, « malgré un certain déchet technique, Diane est un vrai cogneur ». Ses propos se vérifient dès l’entame face à Jean-Georges Charpentier. « Abdou » ou « Didi » comme l’appellent ses amis, avance, étouffe son adversaire par un pressing permanent, impose sa puissance. Charpentier s’accroche, essaie de bloquer ou d’esquiver la rafale de coups qui s’abattent sur lui. Et tente tant bien que mal de riposter. Dans le second round, il est compté une première fois puis une seconde à la suite d’un crochet droit. On sent que la fin du combat est proche. Sauvé in extremis par le gong, le Nîmois retourne courageusement au mastic. Mais pour quelques secondes seulement… Car Diane ne lâche jamais sa proie quand celle-ci vacille. Il le cadre, l’enferme dans un coin, en remet une couche. Et là, comme dirait Orelsan, ça fait « Bim badabim bim badaboum » ! Le bruit des coups résonne dans la salle. Charpentier est une nouvelle fois compté par l’arbitre et son coin décide raisonnablement de jeter l’éponge. « Iron » Diane n’a pas fait dans la dentelle. Mais fort heureusement, il ne lui a pas croqué l’oreille !
81 kg : Mamadou Bakary Diabira (23 ans, BC Brevannais) bat Souliman Abdourachidov (22 ans, AS Monaco) aux points (29-22).
Un uppercut d’école. Vif, percutant, bien placé. En demie, c’est avec cette action coup de poing que Bakary Diabira a assommé Ambroise Preira (BAM Les Mureaux) et qu’il s’est ouvert les portes de la finale. Numéro 1 en Ile-de-France, vainqueur de la Coupe de France en 2012, l’ancien membre du Paris United voit cette année plus grand. « Baky » veut devenir le numéro uno de sa catégorie sur la scène hexagonale. Ça passe par une victoire ce soir contre Souliman Abdourachidov*, le petit protégé du prince Albert. Un boxeur à la trajectoire peu banale. Né en Tchétchénie, arrivé à Nice à l’âge de 8 ans, « Souli » est licencié depuis 2007 à l’AS Monaco. Naturalisé il y a quelques années, l’élève de Nasser Yefsah est couvé par l’encadrement de l’équipe de France. C’est lui qui entame le plus fort le combat. D’entrée, l’attaquant de l’ASM se montre très offensif. Mobile du buste et ayant un centre de gravité bas, il enchaîne les coups au corps. Intelligemment, « Baky » ne panique pas. Au cours de la seconde reprise, la machine se met doucement en route. Il trouve sa distance, place des touches nettes. Son travail du bras avant gêne aussi considérablement son adversaire, l’oblige à s’exposer. « Oh là là ! Tous les petits coups qu’il lui met dans la mâchoire. J’en connais un qui ne pourra pas mâcher demain », nous glisse Adrien. Compté 8 dans le 3e round, « Souli » est en difficulté. Mais l’homme est un guerrier, un dur au mal. Lâcher, il ne sait pas ce que c’est. Il y croira, se battra, donnera tout ce qu’il a jusqu’à la dernière seconde. Même si « Baky, le rouleau compresseur » a pris maintenant le dessus. Sur la fin, ce dernier se permet même le luxe de boxer mains en bas et de ‘‘mouliner’’ ses coups. « Ding ding ding ». Avant la décision, « Souli » retourne s’étirer dans son coin. Physiquement, il est cuit. Diabira triomphe aux points sur le score de 29 à 22. Il l’a rêvé, désormais il l’est… Baky est le nouveau number one français des poids mi-lourds !
* Vainqueur de la Coupe de France en 2011. « Souli » avait battu le champion de France en titre Olivier Vautrain (Boxing Nazairien) au tour précédent.
75 kg : Adriani Vastine (28 ans, Vastine BC) bat Rachid Hamani (27 ans, BC Villeneuve Ablon) aux points (21-17).
« Riiiiiip, Riiiiiip, Riiiiiip !!! » Une sirène de police tout droit sortie d’une série américaine annonce la couleur. Tout à coup, il y a comme de l’électricité dans l’air. L’atmosphère est sous haute tension. C’est l’heure de la finale des -75 kg entre Rachid Hamani* - le double tenant du titre (2011, 2012) - et Adriani Vastine, qui a décidé de monter de catégorie pour espérer aller à Rio en famille. Venu soutenir son grand frère, Alexis - le boxeur maudit aux JO - était apparu jusqu’ici relax. On l’avait aperçu en train de suivre les autres matches en grignotant un petit paquet de chips et en échangeant quelques mots avec ses potes ou son père Alain. Mais là, c’est différent, c’est le combat du frangin. Son visage se tend. Alexis s’installe sur une chaise au plus près du ring, les bras sur la barrière de sécurité. Pas pour longtemps. Car le match est très engagé, intense, indécis. Alexis ne tient pas en place. Il se lève, ne lâche pas son aîné des yeux, l’encourage et va même jusqu’à donner des coups dans le vide avec ses poings (Shadow-boxing). Adriani bouge beaucoup, perturbe l’organisation de Hamani qui n’arrive pas, avec son allonge, à le garder à distance. Le Normand délivre plus de coups mais peu atteignent réellement les cibles (visage, buste). Pour dire vrai, la plupart finissent même dans les gants de son adversaire. Rachid est lui trop passif. Il n’arrive pas à cadrer ni à imposer sa boxe. Alors qu’il mène aux points (round 1 : 6-3 ; round 2 : 14-12), l’expérimenté Adriani gère son avance, décide de pourrir le combat par de nombreux accrochages. Mais souvent, ses tentatives se concluent par un plongeon tête la première, ce qui lui vaut deux avertissements** pour boxe dangereuse. Potentiellement, -4 points. Ça remet tout en question. Ces pénalités peuvent lui coûter le titre. Dans le clan Vastine, on est inquiet. Illustration : devant nous, un proche de la famille fait des bonds de trois mètres. Dans l’allée qui borde le ring, une jolie fille en talons est elle au bord de la crise de nerf. Stressée à l’extrême, au bord des larmes, elle fait les cent pas avec son téléphone portable collé à l’oreille, n’ose quasiment plus regarder le combat. Elle est même à deux doigts de s’arracher les cheveux. « Allez Dri Driiiiiiiiii ! », hurle-t-elle comme une hystérique à quelques secondes du gong final. « A cette allure-là, son cœur ne va pas faire long feu », lâche Adrien. Dur dur de voir la personne qu’on aime se prendre des coups… Sa femme, Marie-Madeleine, assise à ses côtés, en sait quelque chose. Verdict : 21-17 pour Adriani Vastine, qui décroche son sixième titre de champion de France senior dans une troisième catégorie de poids***. Une performance qu’aucun boxeur n’avait jamais réalisée jusque-là !
* Fils du légendaire Loucif Hamani (Champion d’Afrique des super welters ABU entre 1976 et 1977).
** Un avertissement dans le 2e round, un autre dans le 3e.
*** Champion de France amateurs senior des 64 kg (2005, 2006, 2008) et des 69 kg (2009, 2011).
**** Boxe : Adriani Vastine à la poursuite d'un 3e titre (vidéo)
69 kg : Souleymane Cissokho (21 ans, Top Rank Bagnolet) bat Chabane Fehim (22 ans, ABEH Rouen) aux points (14-7).
L’heure de la revanche a sonné ! A Pessac (Gironde) l’année passée, en finale des -64 kg, au terme de trois rounds explosifs et techniques, le combat entre les deux boxeurs s’était soldé par une score de parité (11-11). Mais Chabane Fehim, mis en danger, avait finalement conservé sa ceinture sur décision des juges (4-1). Un an plus tard, le roi de France des poids super-légers (2010, 2011 et 2012) et son challenger ont pris 5 kg de muscle et se retrouvent ce soir à Hayange en finale des poids welters. Les deux hommes se connaissent bien car ils se côtoient quotidiennement à l’INSEP et en équipe de France. Chabane part favori. « Souley », qui a battu David Papot (Boxing Nazairien), le champion en titre en demie, est en position d’outsider. Deux gars déterminés sur le ring. Mais à la fin, il y aura forcément un vainqueur et un vaincu. L’un des deux « tombera en public », si on se réfère à la magnifique chanson d’Oxmo Puccino. La défaite ? Le clan de « Souley » ne l’envisage pas. Durant le trajet, pour le motiver, son coach Ali Oubaali et son frère aîné Elhadj lui ont répété la célèbre devise du Che : « Hasta la victoria siempre ! ». Il a une revanche à prendre. Il le sait. Dès l’entame, il laisse venir son adversaire. Une stratégie qui se révèle payante car sa garde est hermétique et ses réponses - des frappes sèches et chirurgicales - font mouche. « T’es en retard Chabane ! Bouge, mets du rythme, te laisse pas endormir », lui crie son père Noredine. Sur le ring, « Bében » est méconnaissable. D’ordinaire, il ressemble à un chat insaisissable et précis. Pour ses plus grands fans, c’est un boxeur élégant qui possède un style « doux comme du sucre » à la Sugar Ray Robinson. Mais là, il est plutôt doux comme un agneau. Dans la 2e reprise, il se fait surprendre par un uppercut du droit de « Souley ». Durement touché, il est knock-down. Alors qu’il est compté jusqu’à 8, Chabane, sonné, effectue étrangement un tour du ring en marche arrière. Dernier round. Concentré et déterminé, Cissokho déroule et offre de la belle boxe qui fait plaisir à voir. Celle qu’apprécient tous les autres passionnés du noble art présents dans la salle. Le gong final retentit. A l’issue d’un combat maîtrisé, le Francilien s’impose 14 à 7 et est élu meilleur boxeur de cette 105e édition des finales du championnat de France amateur. Ce soir, l’œil du tigre, c’était « Souley » qu’il l’avait !
* Souleymane Cissokho a été sacré champion de France senior des -60 kg en 2011.
Ismaël Bouchafra-Hennequin
Crédits photo : Denis Boulanger/Presse Sports
Pour en savoir plus :
- Résultats du CFA 2013 sur le site de la Fédération française de boxe (article)