Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 22:27

 

 

C’est écrit sur une feuille scotchée sur le portique du McDo. Le battle Source, ça se passe juste là, à gauche, au premier étage. Au Trèves Dance Center, la belle école de danse de Salim et Abi, située à Metz. Après avoir monté les escaliers et traversé le long couloir, il ne reste plus qu’à ouvrir grand ses yeux et ses oreilles. Et kiffer, bien sûr !

 

« Cet aprem, j’attends que ça se bute, que ça transpire, que ça soit la guerre. Bref, que ça se déchire la gueule ! » En quelques mots assassins, Salim Abidi* (Pockemon Crew/Arabiq Flavour) plante le décor. Celui du battle Source qu’il a concocté dans son antre messin du Trèves Dance Center.  

 

Dimanche 19 janvier 2014, salle 1 de l’école de danse. Il est 15h. « C’est parti mon kiki ! », lâche Mehdi (M.A.M), l’un des deux speakers. On attaque direct avec les présélections top rock (1 vs 1). Et, ça ne s’invente pas, l’un des concurrents, avec un bob couleur crème, s’appelle… Kalif ! Sale histoire !

 

Battle Source Treves Dance Center by Audio Visuel Création © Audio Visuel Création/ Jordan Fontana

 

Une vingtaine de candidats se succèdent sur le dancefloor. Au moment des délibérations, on file voir les juges. Assis sur un canapé, Samir (Arabiq Flavour, Vandoeuvre), Nasso (Melting Force, Saint-Etienne) et Charlee (Kannibal Holocaust, Reims) tentent, stylo en main, de se mettre d’accord. Ils doivent n’en garder que 8. 

 

Trois danseurs font l’unanimité. Survêt noir et orange des Pays-Bas sur le dos, le "suicidaire" Charlee nous explique pourquoi : « Lil Toon (Rataclan, Metz) a démontré une belle énergie. K-mel (Project X, Luxembourg) a lui aussi bien plané et Karim (aka Fresh Prince, TCB, Tomblaine) possède un bon style, il a un délire bien à lui ». Quatre autres noms sont ajoutés sur la feuille. Il en manque encore un dernier… Kriman (P.B. RockerZ, Liège), bel et bien inscrit, sera finalement celui-ci !  

 

15h26. Pas de temps à perdre, on enchaîne avec le breakdance (2 vs 2) ! Salim avait lancé tous azimuts les invitations (Lyon, Saint-Etienne, Reims, Troyes Mulhouse, Strasbourg, Liège, Nancy, Metz, Luxembourg…). 32 crews ont répondu présent. Un peu beaucoup. Du coup, ça fait un peu ‘‘usine’’. Les b-boys ont chacun 30 secondes pour s’exprimer. Et sont priés d’aller à l’essentiel. « De toute façon, les mecs y cherchent pas à comprendre, y rentrent dedans », assure Deb (24 ans, ACC, Mulhouse), la seule b-girl de la compète, après s’être bien battue contre Kirikou et Shin (Toxic Crew).

 

 

Au premier tour, lors du… 15e battle, le hasard du tirage au sort met aux prises Melting Force (Saint-Etienne) à La Meute (Liège, Belgique). Surpris par la qualité du premier passage adverse (celui de Kyzo), Francklin, 18 ans - qui a notamment réalisé le doublé avec sa team au BOTY France 2013*- doit sérieusement s’employer. Il envoie du lourd, grille des cartouches. Et conclut sa presta par un beau freeze. Il n’a pas encore remis ses lunettes que Marbouch claque d’entrée un spectaculaire salto arrière avec un pied dans la main.

 

« Ouhhhhh !!! » Ça crie, c’est chaud ! Présents dans son coin, ses potes Filco et Nasty Jay (LCB, Liège) l’encouragent à donner le meilleur de lui-même, le poussent à se surpasser. Après deux minutes d’intense plaisir, place à la décision. « Judges, un-der-ground… » Melting Force s’impose de justesse (1 voix, 2 égalité). Tutus** respire. « Je me suis élancé en premier, à l’aveugle. Forcément, j’en ai gardé sous le coude. Mais quand j’ai vu le niveau du premier mec d’en face, j’ai eu un gros coup de pression. Heureusement, Francklin a bien géré le truc, il a ‘‘envoyé’’. On s’en sort bien », dit-il, soulagé, avec un pur accent stéphanois.

 

Battle Source 2014 Trêves de plaisanterie by Audio VisuelLes filles de "Trèves de plaisanterie" © Audio Visuel Création/ Jordan Fontana

 

16h30. Jusqu’ici, elles se tenaient gentiment assises autour du cercle. On les avait juste remarqué lors des passages de Rataclan 1, 2 et 3 (Metz)***. En mode groupies. Téléphone en main, ces 5 filles filmaient et donnaient de la voix (« Allez Rachiiiiid ! » (b-boy k1k1, ndlr). Mais là, trêve de plaisanterie, c’est à elles de jouer ! Alison, Camille, Célia, Somalie et Sofia, tout de noir vêtues, se lèvent et effectuent une belle démo sur « Applause » de Lady Gaga.

 

16h52. Lil Toon vs Momo. C’est l’affiche du premier ¼ de finale top rock. Comme lors d’une baston de regard, ça s’observe, ça se jauge, ça attend que l’autre craque en premier. Ça cherche à prendre un avantage psychologique sur l’adversaire. Mais là, rien à faire. Aucun des deux danseurs ne semble prêt à céder. « Celui qui y va, je lui offre une crêpe ! », lance alors M’hamed, le speaker. Momo (Last Hope, Charleville-Mézières) saute sur l’occasion. En dépit de son élimination, il pourra se consoler en fêtant la Chandeleur avant l’heure !

 

Battle Source les frangins Kenzo et Maiky 2 by Audio VisuelKenzo et Maïky © Audio Visuel Création/ Dylan Basters

 

17h15. Vainqueurs la veille à l’Arsenal du premier concours chorégraphique international de Metz (catégorie junior + lauréats du prix coup de cœur), Maïky (12 ans) et Kenzo Winterstein (9 ans), les deux apprentis b-boys blondinets issus du quartier de La Patrotte, s’affrontent dans un duel fratricide. Footwork, Thomas, planche, headspin, ninety-nine, baby freeze… ça rigole “aps’’ ! Pas de doute, la relève est là !

 

18h10. Showtime ! Avant les demies de break, Francky Ross aka BeMonkey (Next Level, Rouen), maillot des Bulls sur les épaules, nous gratifie d’une belle démo de basket freestyle à base de dribbles, de feintes, de moves épatants (Crossover, shamgod, slip’n’slide, boomerang, hypnotizer, etc.). Le spectateur, invité sur la piste, a pris le bouillon. « Abi, on t’attend désormais pour la démo de danse classique… », lance ensuite Mehdi, en rigolant. Sourire ultra-bright de la directrice du Trèves Dance Center qui, dans le couloir, retourne vaquer à ses occupations.

 

18h28. Pendant les démos des juges, on joue les infirmières auprès de K-mel (Project X). Blessé au coude gauche, il nous demande de l’aide pour remettre son bandage. Car il s’apprête à disputer la finale top rock contre Lil Toon (Rataclan).

 

 

Le moment est venu pour DJ Fonkmaz de balancer ses dernières galettes : le très rythmé « Khat » de Benjamin Herman puis l’instru salsa « Bomba a Puerto Rico » de José Mangual Jr. Avant la décision, Lil Toon effectue une ultime prière. Mais elle n’y changera rien. Musicalité, originalité des steps, jeu de scène, K-mel possède ce petit plus qui fait la différence. Il remporte cette finale à l’unanimité.

 

Lunettes sur le nez et petit bouc, Francklin souffle dans ses mains puis chauffe la semelle de ses Puma Suède. Tutus, son équipier, lui, sautille comme un boxeur. C’est l’heure de la finale de break. Karim et Amer (TCB) font figure d’outsiders. Sur le magistral « Give it up or turn it a loose » de James Brown, Francklin, le dernier à passer, enchaîne les phases, multiplie les difficultés techniques. C’est beau, c’est fluide, c’est efficace ! Depuis l’East Break Battle à Yutz (2011), le p’tit gars de Sainté a vraiment bien progressé…

 

Malgré la belle résistance de TCB, l’issue de cette finale ne laisse que peu de place au doute.  « Melting Force a maîtrisé tout le battle, y ont été au-dessus », nous glisse Omax (Last Hope, Sedan). La décision unanime des juges vient seulement officialiser la nouvelle. Au centre de la piste, aux côtés de Francklin, Tutus signe le mot de la fin : « Tu vois, des fois dans un ‘‘petit battle’’, t’apprends plus que dans un grand évènement. Tu connais pas forcément la valeur des gars que t’as en face de toi. Y'a des surprises, tu dois réagir vite, t’adapter. C’est ça l’esprit de la street ! »

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin 

 

* Le 8 juin dernier, à Nîmes, le crew stéphanois Melting Force a remporté à la fois le titre de champion de France et celui du meilleur show chorégraphique lors du BOTY France 2013.

**Tutus, de son vrai nom Yanis Kinzi, (21 ans, Melting Force, Saint-Etienne) est le petit frère de Soso, b-boy mondialement reconnu (vidéo 1) (vidéo 2) (article).
*** Rataclan 1 (Rachid et Brandon), Rataclan 2 (John et Roland) et Rataclan 3 (Zagla et Cameron) sont coachés par Salim et s’entraînent au Trèves Dance Center.

 

 

Battle Source, 1ère édition, les résultats

 

Battle Source 2014 Trèves Dance Center Metz

 

Le palmarès de cette 1ère édition

- Finale breakdance, 2 vs 2 : Melting Force (Tutus et Francklin ), Saint-Etienne  bat TCB, (Karim et Amer), Tomblaine.
- Battle pour la 3e place, breakdance, 2 vs 2 : Toxic Crew (Kirikou et Shin ), Mulhouse bat LCB, (Filco et Nasty Jay), Liège (Belgique).
- Finale top rock, 1 vs 1 : K-mel (Project X, Luxembourg) bat Lil Toon (Rataclan/ Trèves Dance Center, Metz).


Pour en savoir plus :
- Battle Source (page Facebook)

- Le battle Source en images (album 1) (album 2) (album 3)


B-boying

- Battle Source, Project X 2 (Ted et Sardo) vs LCB, ¼ de finale break (vidéo)
- Battle Source, Project X 1 (K-mel et Huitiang) vs Melting Force, 8e de finale break (vidéo)
-
Battle Source, Project X 2 (Ted et Sardo) vs Tekken 1, 8e de finale break (vidéo) (tie break)
-
Battle Source, Project X 2  (Ted et Sardo) vs Marius et Titi, 1er tour (vidéo)
- Battle Source, Project X 3 (Randy et Kiu) vs Killusion,
1er tour (vidéo)
- Battle Source, Project X 1
(K-mel et Huitiang) vs Spicy 2 (Laiid et Johny), 1er tour (vidéo) (vidéo 2)
-
Battle Source, Rataclan 2 (John et Roland) vs Spicy 1 (NJ et Thomas), 1er tour (vidéo)

 

Top rock

-  Battle Source, K-mel vs Nass, ½ finale top rock (vidéo)
-
Battle Source, K-mel vs Kriman, ¼ de finale top rock (vidéo)
- Battle Source, Nass vs Toto,
¼ de finale top rock (vidéo)
- Battle Source, K-mel, préselections top rock (vidéo)

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 23:35

Ezra Human beatbox L'Autre Canal Nancy 28 novembre 2013 La fine équipe (Elodie, Aurélia, Mylène, Jean-Marc, moi, Chloé, Guillaume,
Jean-Philippe, Kolia, Ezra, Thomas, Christine et Marc). © Aude Meuret/ L'Autre Canal

Les 27 et 28 novembre derniers à L’Autre Canal à Nancy, nous avons participé à un atelier d'initiation au beatbox par Ezra, directeur artistique de la compagnie Organic Orchestra et accessoirement l’un des tous meilleurs représentants français de cette surprenante discipline issu du mouvement hip-hop. Récit.

 

Jeudi, 18h. « Hé mec, t’es un passionné ! Tu sais que t’es en avance d’une demi-heure ? », nous lance Vincent Gaugain, responsable du pôle accompagnement-ressources (musiciens/associations) de l’Autre Canal. Pour tuer le temps, on discute un peu avec lui. Béret blanc sur le crâne et lunettes sur le nez, Vin’s (d’Apassionada) nous explique qu’il est originaire des Ulis (91). Passionné de danse et de théâtre, il œuvre pour le développement et la valorisation du patrimoine artistique et culturel hip-hop depuis une vingtaine d’années. Sweat Arabiq Flavour sur le dos, il prétend qu’ « Ezra et son compère L.O.S (Laurent Duprat, ndlr) sont les premiers beatboxeurs français à avoir poussé la technique aussi loin ».

 

 

Quelques délicieuses notes de guitare électrique viennent interrompre notre discussion. Dans la grande salle, Keziah Jones répète avec ses musiciens en vue du concert qu’il donnera le soir même. Mais les portes sont fermées à clef. Pas de quoi cependant altérer la bonne humeur de Marc Genatio, de la MCL Gérardmer, présent à nos côtés, qui préfère profiter à fond de ce moment, les oreilles grandes ouvertes.

 

18h30. Sweat gris et jeans baggy, Ezra arrive avec un verre de jus de pomme à la main. Tout le monde le suit et entre dans la salle. On se met debout, en cercle. Objectif : s’échauffer la bouche en faisant vibrer les lèvres et… en lâchant un max de postillons ! En fait, comme lorsqu’on ‘‘souffle’’ après une dure journée de boulot (« Pfff ! »). Sauf qu’ici, on s’amuse à jouer avec la vibration : celle-ci peut-être plus ou moins serrée ou ample, plus ou moins localisée (devant, à gauche, à droite de la bouche). Et, on peut même y ajouter la voix !

 

On enchaîne ensuite avec les sons issus de la batterie vu la veille dans des phrases rythmiques :

- « P/p/p/p... »
- « Pf/pf/pf/pf… »
- « P-ts-pf… »
- « P-p-ts/ p-ts »
- « P-p-ts/ clac-ts…»
- « P-p-ts/ k-ts… »
- « P-p/ts-ts/ clac-ts… »
- « P-p/ts-ts/ k-k-ts… »
- « P-p/ts-ts/ k-k… »  

 

Voici d’autres phrases que l’on a également travaillées : 

- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-ca… » (Variante : enlever les voyelles, prononcer la phrase + ou – vite)
- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-k… »
- « Pou-ti-ca/ ti-ca-ti/ pou-k ×3 » + puis quelqu’un désigné au hasard doit faire un son de son choix (Variante : impro en duo, en trio).

 

« Cool, chouette », sourit Ezra. Après tout ces efforts, on a bien mérité une gorgée d’eau. « N’oubliez pas de boire. Comme en chant, ça permet d’hydrater les cordes vocales. Mais ça sert aussi à remplir tous nos résonateurs. Du coup, on sonne mieux ! », précise-t-il.

 

- Autre petit jeu

L’idée : y’a toujours trois personnes qui jouent.
Le premier fait une rythmique assez basique (« t-t-ts… »).
Le deuxième joue de la basse (« durum-dum/ dum dum dum… »).
Le troisième fait de la trompette.

Au bout de 4 cycles, chaque son se décale vers la droite dans le cercle. A chaque fois, une personne s’arrête et on en incorpore une nouvelle. Effet garanti !

 

Au fur et à mesure que l’on avance, ça se complique, ça devient de plus en plus chaud à suivre. On est pas loin de la cata, de la cata, de la catastrophe comme diraient Les Trois Frères !

 

- « Poum/tikiti-tiki-cla/tikiti-tiki-boum » (de plus en plus vite)

 

- « Il est 5h30, 6h du matin, le soleil va se lever. On est à la plage. Je vous laisse imaginer tous les sons qu’il peut y avoir… », indique Ezra. On entend successivement le bruit du vent, le cri d’une chouette, le chant des cigales, un chien qui aboie, une sono se trouvant au-loin qui crache des décibels.  

 

- « M-m-m-m…» (chœur)
- « M-m-m-m… » + téter.
- « M-m-m-m… » + claquements de langue (façon Drop It Like It’s Hot de Snoop Dogg)
- « M-m-m-m… » + bisous simples (puis bisous avec rythmique « P-p-k »).

 

- 5 petits groupes sont formés. Comme lors d’un exercice précédent, Ezra invite tour à tour chacun d’eux à intervenir, à l’accompagner. Il s’amuse ainsi à mélanger les sons.   
1) « M-m-m-m… » (basses)
2) « P-p-k/ts-ts/p-p-k…» (charleys)
3) « Tsi-t/tsi-t/tsi/+fff en inspirant… » (cigales)
4) « A-a-a/a-a-a… » (chorale)
5) « Zip-zuuu/ zip-zuuu… » (fermeture éclair)

 

20h19. Direction la petite salle de L’Autre Canal. Au beau milieu de la pièce, le créateur lumière Bruno Teutsch, debout sur une grande échelle, effectue quelques réglages. Ezra nous présente le dispositif de sa dernière création Bionic Orchestra 2.0, mêlant human beatbox et nouvelles technologies. Les enceintes, les vidéoprojecteurs, les points de lumières et de son… sans oublier son fameux gant en cuir interactif.

 

Un outil qui, comme le note justement Marie Lechner de Libération, « lui permet de sampler sa voix par simple pression sur ses phalanges, de contrôler le volume, mais aussi de spatialiser le son, de déclencher les lumières et les vidéos ». Avec sa démo, Ezra nous laisse tous bouche bée, les yeux émerveillés. Pas de doute, samedi on sera bel et bien là pour voir ça : Bionic Orchestra 2.0.

 

20h40. On applaudit Ezra. On le remercie pour ce stage d'initiation super enrichissant. Et avant qu’on parte, il veut avoir notre ressenti sur ses deux jours passés ensemble. Kolia s’y colle : « Je pense qu’on aimait tous le beatbox de loin. Cet atelier nous a permis de mettre une âme. Tu vois, c’est pas du virtuel, c’est pas de l’internet. Ça nous a permis de voir vraiment l’humain, ‘‘l’human’’ dans le beatbox. Moi, en tout cas, ça m’a donné envie de continuer. Comme je fais de la scène - je fais beaucoup de cris, des choses comme ça -, je vais pouvoir le travailler. Bref, cet atelier m’a ouvert une voie. A moi, ben à nous tous quoi, désormais d’approfondir le chemin… »

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin    

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 23:02

Ezra Human beatbox L'Autre Canal Nancy 28 novembre 2013

  Ezra © Aude Meuret/ L'Autre Canal

Les 27 et 28 novembre derniers à L’Autre Canal à Nancy, nous avons participé à un atelier d'initiation au beatbox animé par Ezra, directeur artistique de la compagnie Organic Orchestra et accessoirement l’un des tous meilleurs représentants français de cette surprenante discipline issu du mouvement hip-hop. Récit.

 

Il a débarqué à L’Autre Canal à Nancy, avec un bonnet gris clair sur la tête, vêtu d’un gros blouson et un sac de voyage à roulettes Eastpak à la main. C’est qu’à force de venir dans notre belle région*, Ezra (Vincent Chtaibi) le sait : en Lorraine, ça caille ! Il vaut donc mieux prendre ses précautions et s’habiller en conséquence.

 

Mercredi, 18h30. Dans une petite salle de la SMAC**, le beatboxeur au chignon de samouraï nous accueille chaleureusement. Une poignée de main pour les hommes, la bise pour les femmes. Nous sommes une dizaine à s’être inscrits à son atelier. En cercle, assis sur des chaises, chacun est invité à se présenter et décliner ses motivations.

 

Le public est varié. Il y a des beatboxeurs, des musiciens, des chanteurs, des petits curieux mais aussi quatre filles délurées (Chloé, Elodie, Aurélia et Mylène) qui confessent : « Nous, on a tendance à faire du beatbox en soirée. Vous savez l’alcool, ça aide à se lâcher. Ça vous pousse à faire n’importe quoi, des choses insensées ! »

 

« Yep’s ! », sourit Ezra, qui nous montre d’abord les différents moyens de reproduire des sons avec notre bouche : faire vibrer les lèvres, déplacer la langue, faire résonner la gorge.

 

Dans la foulée, il nous fait découvrir les 3 sons de base du beatbox issus de la batterie :

 

 

- La grosse caisse (Bass Kick) : P ;

- La caisse claire (Snare) : Pf ;

- La charleston (Hi-Hat) - ouverte ou fermée - : Ts.

 

Après avoir tendu l’oreille attentivement, on essaie, par mimétisme, de reproduire ces différents sons.

 

Pour illustrer son propos, Ezra crée plusieurs cellules rythmiques simples :

- « P-pf »
- « P-ts-pf »
- « P-p-ts/ p-ts »

 

Ezra nous dévoile ensuite une petite astuce rigolote pour apprendre à faire un beat. Il s’agit de faire un rythme avec une phrase qu’on utilise dans le langage courant.

- Boots and Cats
- Biscotte, petite biscotte
- Pose ta capuche, dépose ta capuche
- Pâtes au pistou

 

Bon, pour votre gouverne, sachez que ça marche aussi avec des injures ou des gros mots !

- T’es qu’un sale con !
- Putain t’es con !
- Tu pues du cul !
- Bouffe ton clito !


Dès que vous y arrivez, place à une nouvelle difficulté. Celle-ci consiste à répéter les phrases précédentes en enlevant les voyelles (a, e, i, o, u, y).

 

 

 

  

Voici maintenant d’autres exercices pour travailler sa rythmique, répétez ce qui suit plus ou moins rapidement :
- « Pou-ti-ca »
- « Pou-ti-ca/ la-ti-ca/ pou-ca »
- « Pou-ti-pou-ca/ pou-ti-pou-ca »
- « Té-té-cla/ té-té-clow »

 

Ezra nous met toutefois en garde : « Ça, c’est juste quelques billes, histoire que vous ayez des pistes pour vous exercer chez vous, à la maison. Après, rien ne vaut les beats propres, ceux que l’on crée soi-même ».

 

19h50. Venu spécialement des Vosges avec son pote Dylan - beatboxeur tout comme lui -, Antoine a écouté jusqu’ici sagement le cours. Mais soudainement, il perd patience. « Bon, vas-y, maintenant, tu nous fait une démo ? »

 

 

« Ouin, ouin, ouin, ouiiiin... » Faisant mine d’avoir l’instrument entre les doigts, Ezra entonne l’air de « l’homme à l’harmonica » (B.O. du film ‘‘Il était une fois dans l’Ouest’’, composé par Ennio Morricone) puis enchaîne ensuite avec un morceau d’Air guitar.

 

 

20h40. Après quelques scratchs vocaux bien sentis (Aoua, Oh yeah, Fa-fa-fuck you, sans oublier le très cru F-f-fick mich ! de Kolia Rutili, chanteur rasta du groupe R.I.C***) Ezra demande à Dylan de lâcher un truc. Le jeune homme fluet semble gêné mais décide finalement se lancer. Ezra se mue en chef d’orchestre et nous invite par petits groupes, à le rejoindre. En rajoutant à chaque fois quelque chose. Un rythme, un son, un bruitage, une onomatopée... Le résultat est tout simplement… bluffant !

 

20h50. On quitte la salle avec le sourire aux lèvres et avec une sensation de bien-être et de liberté totale. Oui, le beatbox est bel et bien un pouvoir magique. Mais pour Ezra, c’est même bien plus que ça : c’est une passion dévorante, omniprésente.

 

Le soir même, il prolongera le plaisir dans un restaurant du centre-ville avec Antoine et Dylan, les deux beatboxeurs de la bande. Et, comme on pouvait le prévoir, les trois gaillards n’ont pu s’empêcher ‘‘d’envoyer du steak’’ techniquement et rythmiquement. Avec leur bouche, évidemment !


Ismaël Bouchafra-Hennequin

 

 

* En avril dernier, Ezra et ses collègues ont notamment passé 15 jours en résidence à L’Autre Canal pour mettre en place leur spectacle Bionic Orchestra 2.0.

** Scène de Musiques Actuelles (SMAC).

*** Kolia Rutili est l'un des trois chanteurs du groupe R.I.C, qu'il décrit comme « la face cachée du dancehall français ».


Pour en savoir plus :
- Beatbox augmenté avec Ezra - L'Autre Canal Nancy -
(article)

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 10:40

 

 

Le beatbox, c’est sa vocation, sa passion… Artiste autodidacte reconnu sur la scène française et internationale, Ezra aime par-dessus tout créer ou reproduire des rythmes et des sons avec sa bouche. Mais il aime aussi échanger, partager, transmettre cette passion. Comment-a-t-il attrapé le virus ? Quelles sont les références de la discipline ? Il répond.

 

« La première fois que j’ai réalisé que j’étais capable de produire de vrais sons avec ma bouche c’est en écoutant Georges Brassens. J’étais petit, j’essayais d’imiter la trompette que l’on entend sur le refrain des Copains d’abord », confie Ezra à l’Avant-Post. Ensuite, il se met à imiter des personnages de dessins animés comme Popeye. A 14 ans, dans son collège du Mans, il voit un mec de sa classe faire des rythmes et des mélodies avec sa bouche. Il s’appelle David. C’est la révélation.

 

Ezra commence à faire du beatbox dans son coin. Essentiellement, des rythmiques hip-hop/ ragga comme le sublime Can’t take my eyes of you de Lauryn Hill. Il le travaille partout : sous la douche, devant sa glace en se lavant les dents, dans la rue, dans son salon, dans son lit. Tout le temps. C’est la naissance d’une passion dévorante. Qui ne le quittera plus.

 

Il se familiarise avec certains noms de rappeurs particulièrement doués en beatbox : les Fat Boys, Doug E. Fresh, Biz Markie. Au milieu des années 1990, Rahzel met en lumière cet art vocal grâce à sa technique et ses nombreuses collaborations (The Roots, Björk, Ben Harper, Roni Size, etc.). La sortie de l’album du « Godfather of Noyze » (Make the Music 2000) ainsi que ceux de plusieurs autres artistes (Saïan Supa Crew, Killa Kella) permettent de médiatiser la discipline.

 

L’apparition d’internet va aussi considérablement changer la donne. Elle offre l’opportunité aux beatboxeurs ‘‘d’entrer en connexion’’. Désormais, Ezra et ses compères n’hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour se retrouver dans des parcs ou des cafés afin d’échanger, partager leurs expériences.

 

 

Après avoir participé aux premiers championnats du monde de beatbox en septembre 2005 en Allemagne (Leipzig) et avoir remporté le battle TKO à Nantes en avril 2006, Ezra est à l’origine la même année, à Angers, du premier championnat de France de Human Beatbox. 

 

Depuis, le natif de Saint-Nazaire a joué en solo dans les lieux les plus mythiques de France (Olympia, Cigale, Transmusicales…) et collaboré ponctuellement avec des artistes de réputation mondiale (Kid Koala, KRS-One, Jacques Higelin, Bauchklang, Wax Tailor, One self, Socalled…).


En 2008, Ezra accompagne la chanteuse Camille lors de sa tournée mondiale (Music Hole Tour), ce qui lui permet de devenir intermittent du spectacle.

 

Aujourd’hui, à 29 ans, Ezra se consacre entièrement à cet art vocal. Il fabrique des sons avec ses lèvres, sa langue et sa gorge. Improvise vocalement une boîte à rythmes, des scratchs, des percussions.

 

En parallèle de la scène, il rencontre des gens, mène des ateliers d’initiation au beatbox dans des écoles, des hôpitaux, des prisons. Il consacre aussi pas mal de temps au développement de la pratique via le réseau Beatbox France.

 

 

Dans sa dernière création Bionic Orchestra 2.0, il a imaginé un beatbox « augmenté ». Micro dans la main gauche et gant intelligent enfilé sur la main droite, il « démultiplie, modèle la matière sonore mais aussi lumineuse et la déplace dans l’espace où baigne la foule ». Un voyage sensoriel qui raconte, au travers une performance à la fois organique et technologique, le rapport passionnel qu'entretient l'homme avec la machine.

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin

 

Pour en savoir plus :

- Ezra (Page Facebook) (site internet) (myspace)
- Ezra explique les origines du beatbox, son parcours de beatboxeur, etc. (vidéo)
- Interview Ezra (vidéo)
- Beatboxer Ezra (vidéo)
- Ezra nous parle du championnat de France de beatbox (vidéo)
- Ezra from France - Interview - Beatbox Battle TV (vidéo)
- Ezra : Interlude (vidéo)
- Robin Martino, Le beatbox et ses pratiquants,
Mémoire de Master de sociologie, université Pierre Mendès-France, Grenoble, 2009 (mémoire)
- Faya Braz nous raconte le beatbox (article)
- Portrait : Faya Braz,
« il fallait être fou pour faire du beatbox » (article) 
- Human Beatbox Festival #7, 21-22 mars 2014 à Dijon. (Page Facebook) (site internet)

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 20:47

 

 

D’après Afrik-Foot, « une délégation de responsables camerounais séjourne actuellement en France » et « va rencontrer prochainement plusieurs binationaux : Samuel Umtiti (20 ans, Lyon), Georges Ntep (21 ans, Auxerre), Jean-Christophe Bahebeck (20 ans, Valenciennes) et Axel Ngando (20 ans, Auxerre) ». Objectif ? « Tout faire pour convaincre les joueurs visés de rejoindre les Lions dès le mois de mars ».

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 20:24

 

 

Le milieu offensif de Lyon (21 ans), international  espoirs français, a choisi de marcher sur les traces de son frère aîné Abdelkader, qui a participé avec les Verts au Mondial 2010 en Afrique du Sud. « Rachon » défendra désormais les couleurs de son pays d’origine, l’Algérie.

 

« J’ai la double nationalité. C’est une chance, mais le choix a été difficile. Je me sens autant français qu’algérien et je ne veux pas qu’on pense qu’il a été dicté par la Coupe du monde. Et puis, il y a encore des étapes à franchir », a affirmé Rachid Ghezzal dans Le Progrès.

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 12:02

 

 

Sondé régulièrement par l’équipe nationale de Pologne, le latéral gauche de l’AS Monaco (21 ans, 1 but cette saison), international espoirs tricolore, préfère attendre une éventuelle convocation avec l’équipe de France.

 

« (La Pologne) ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. Si je dois porter le maillot d’une sélection nationale, cela sera celui des Bleus. (...) Le Mondial, je n’y pense pas trop, mais, si ça vient, tant mieux, je prends ! Mais si je n’y suis pas, ce ne sera pas dramatique. Moi, je reste concentré sur Monaco », a confié Layvin Kurzawa jeudi dans les colonnes du Parisien.

 

* Son nom, Kurzawa, hérité de sa mère, avait mis la puce à l’oreille de la fédération polonaise qui l’avait contacté via Facebook en janvier 2011.

 

Pour en savoir plus :
- Layvin Kurzawa en mode ''Look Lemon'' (vidéo 1) (vidéo 2)

Partager cet article
Repost0
23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 13:36

Fernando Reges Porto passeport Portugal

 

Évoluant au FC Porto depuis 2007, le milieu récupérateur brésilien (26 ans) vient d’obtenir la nationalité portugaise. Et pourrait rapidement intégrer la Selecção.

 

Sur sa page Facebook, Fernando pose fièrement avec le précieux sésame entre les mains.

« Finalement, je l’ai obtenu !!! Super fier…  Je suis officiellement portugais », a-t-il écrit le 14 décembre.

 

Ne figurant pas dans les plans du sélectionneur brésilien Luis Felipe Scolari, Fernando jouit cependant d’une belle cote de popularité au Portugal.

 

« Il est le meilleur milieu défensif de Liga Sagres », n’hésite pas à dire Paulo Fonseca, son coach à Porto.

 

A quelques mois de la Coupe du monde, le sélectionneur portugais Paulo Bento pourrait être tenté d’incorporer « le poulpe » sur sa liste des 23 pour… le Brésil !

 

* Après Lucio Soares, Celso Matos, David Julio, Deco, Pepe et Liedson, Fernando Reges deviendrait ainsi le 7e joueur naturalisé à revêtir le maillot de la Selecção das Quinas. Lima (30 ans), le numéro 9 de Benfica, en instance de naturalisation, pourrait suivre.

 

Pour en savoir plus :
- Fernando, un bon Portugais ? (article)

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 15:40

 

Dance to the beat Sébastien Guérin Photographies 29 Luffy

Luffy (Forzesound, Paris) © Sébastien Guérin Photographies/ De l'oeil à l'image

 

De l’ambiance, du kiff, de la solidarité… tels étaient les ingrédients de la 4e édition du battle « Dance to the beat » qui s’est déroulé le 15 décembre dernier à la MJC Prévert de Lunéville.   


Lunéville, dimanche, 14h. On est tranquillement en train de discuter avec Looping et Nordine (Project X, Luxembourg) à une table haute du hall d’entrée de la MJC Prévert. Lorsque b-boy Nouré, avec son magnifique bonnet à pompon des Los Angeles Kings, se dirige vers nous. Il a le visage d’un enfant qui vient de faire une grosse bêtise. « Bon, les mecs… je crois bien qu’il ne va pas y avoir de battle cet aprem » - « Pourquoi ça ? », demande ‘‘Loops’’, inquiet. - « Ben en fait… j’ai niqué le lino ! » - « Quoi ? » - « Ouais, je m’échauffais et sur l’un de mes pas, le revêtement s’est déchiré. Heureusement, personne n’a rien vu. Un crew s’est ensuite mis à danser à cet endroit. Du coup, j’en ai profité pour me barrer en douce. » Waaaaah, sale histoire ! Mais très vite, l’orga est informée des dégâts. Bilan ? Deux bouts d’épais scotch noir placés en V pour rafistoler le sol… et une grosse frayeur !

 

15h18. Lunettes de soleil à la Matrix sur le nez, M’hamed et Mehdi (M.A.M), les deux speakers de l’évènement, débarquent sur la piste. Dans leur sillage, Hamza Boumaza (Flagrant d’Élite, Nancy), l’organisateur du battle « Dance to the beat ». Au moment de prendre le micro, sa voix ne tremble pas mais ses yeux brillent. Car pour la première fois, ses parents ont fait le déplacement. Et pour ‘‘Zoum’’, ça veut dire beaucoup !

 

Combinaison obligatoire

 

Dance to the beat 2013 Thierry Rambaux 5 Street Harmony Street Harmony (Nancy)  © Thierry Rambaux/ De l'oeil à l'image

 

15h30. Dans la nouvelle cabine de son de la salle polygone, DJ FonkMaz fait rugir les platines. Let’s go pour les présélections ! 14 crews sont engagés en break et 6 en new style (4 vs 4). Des qualifs où il est surtout question de combinaison. Après deux passages solos par team, chacune d’elles a en effet l’obligation de présenter un troisième passage en combi avec la participation des quatre danseurs. A l’image de Jonjo, Jerry, Toy et Adélie (Street Harmony, Nancy), la plupart des groupes respectent cette contrainte, s’exécutent sans broncher.

 

Quelques petits malins essaient toutefois de feinter, de jouer avec les règles. Soit leur combi est courte, bâclée, vite expédiée. Soit elle est inexistante. Mais sans combo digne de ce nom, c’est mort. C’est l’élimination assurée. D’autres crews tentent aussi de prolonger le plaisir en ‘‘grattant’’ un passage. N’est-ce pas Zagla (Rataclan Crew, Metz) ?

 

À nos côtés, Théo (14 ans), pointe du doigt un danseur : « Regarde, lui, c’est Boubou (Forzesound Crew, Paris) ! Il est super connu ! » Il a bougrement raison Théo. Quand ce mec aux trois dreadlocks décolorées se met à bouger, c’est vraiment chanmé !

 

Alerte à Malibu, K 2000, Dragon Ball Z...

 

Dance to the beat Sébastien Guérin Photographies 5

Yassin en mode « Jeanne et Serge » © Sébastien Guérin Photographies/ De l'oeil à l'image

 

16h. Après que Mehdi ait démis l’épaule du pauvre Axel (12 ans) pour raviver l’ambiance, on passe à la MusiKlité (1 vs 1). Un art dans lequel Pepito Fractal et Jimmy Yudat, deux des juges, sont passés maîtres. Quand on les interroge à ce sujet, leurs yeux d’enfants s’illuminent. Puis leurs regards se croisent. Et instinctivement, ils se frottent chacun les doigts. Pas pour vous demander du fric ! C’est juste que ce geste illustre parfaitement la musicalité. En clair, il s’agit d’un feeling, d’un ressenti.  

 

« J’attends pas forcément que le danseur soit toujours ‘‘dans le son’’, explique Pepito. Pour moi, la musicalité, c’est quelque chose de plus subtil. Il faut qu’il y ait une certaine ‘‘difficulté logique’’. Le danseur doit saisir les accents, utiliser la profondeur du son et agrémenter le tout d’une dose de fantaisie. » « Y’a le corps et ce qu’on en fait, poursuit Jimmy. Le corps c’est un instrument, pas uniquement une boîte à rythmes. »

 

Un instrument qui garde en mémoire tout un tas de souvenirs d’enfance. Des odeurs, des senteurs, des images… et des sons. Alerte à Malibu, K 2000, Dragon Ball Z, Les Minikeums… Ces chansons ont bercé toute une génération. Sur Bioman, Willem (Forzesound Crew) se sent pousser des ailes. Tel un super-héros, il réalise une sorte de vol à ras du sol, poing en avant.

 

Adèle, coup de coeur du jury

 

Dance to the beat 2013 Thierry Rambaux 23 AdèleAdèle Voirin, la mascotte de la journée  © Thierry Rambaux/ De l'oeil à l'image
   

16h33. Après une démo des jeunes de la MJC Prévert emmenés par Hafid Ben Kacem, le jury dévoile le nom des ½ finalistes. Une délicieuse pause galettes plus tard, on passe aux choses sérieuses. Bonnet vert sur le crâne, Icee (Forzesound Crew, vainqueur du Juste Debout 2013, catégorie hip-hop) envoie du très très lourd ! Après 20 ans de pratique, le p’tit gars d’Aubervilliers a acquis une sale maturité. Respect ! B-boy Thug (Toxic Illusion, Mulhouse-Strasbourg), lui, est du genre pressé. Contre Project X, il enchaîne les tricks aériens et spectaculaires à un rythme effréné. « Pfff... Thug a tout arraché », nous glissera Salim (Pockemon Crew/Arabiq Flavour ), l’un des juges. Chris Brown, un petit conseil : prends-en de la graine !

 

18h06. Pepito réclame Adèle. Il a découvert cette fillette de 12 ans la veille lors des workshops. Elle lui a tout de suite tapé dans l’œil. Il l’a revu en musiklité sur le générique d’Arnold et Willy. Mais pour le plaisir, il souhaite la revoir sur le dancefloor. Baskets montantes aux pieds, Adèle kiffe la vibe, bluffe tout le monde. Le public l’accompagne en tapant dans les mains. Assurément, cette petite originaire de Gerbéviller restera le coup de cœur de cette édition !

 

Beat killers !

 

Dance to the beat Sébastien Guérin Photographies 31 Tony

Tony (WBB, Troyes) © Sébastien Guérin Photographies/ De l'oeil à l'image


18h46. Avant les finales, Jimmy Yudat, look à la Cousteau, fait une démo qui compte triple vu que Pepito et Salim sont sur le carreau. Et quand le père Zelou se met en action, ‘‘oh la la, ça pique !’’

 

Une pluie de cartouches ! Voilà à quoi se résume la finale de new style entre les Allemands de Deetroit Rockstarz et les Parisiens de Forzesound Crew. Techniquement, c’est archi chaud. Ça se rend coup pour coup. Casquette des Raiders et piercing à la lèvre, Smudee, le leader de Deerockz met sa vie sur la piste. Et il n'est pas le seul !

 

En finale de break, WBB (Troyes) se présente avec une équipe affaiblie. Ils ne sont plus que trois. Nass, qui s’est blessé en demi à la jambe droite, n’est en effet pas en mesure de danser. La mort dans l’âme, il endosse le costume de supporter. Toxic Illusion part favori. Mais sous l’impulsion de Tony, WBB est bien décidé à vendre chèrement sa peau. Et pourquoi pas, créer l’exploit !

 

À croire que la musiKlité est une affaire de spécialistes ! En finale, on retrouve deux anciens vainqueurs. K-mel (Project X), le tenant du titre, affronte Willem (Forzesound Crew), sacré il y a deux ans. Deux styles a priori opposés. L’un est b-boy, l’autre new styleur. Mais bon, une fois lâchés sur « Il était une fois la vie » ou « Naruto », ça ne veut plus dire grand-chose. K-mel a beau avoir réalisé une prestation originale mêlant top rock, break et fun attitude, il n’est sûr de rien. Il mort nerveusement sa chaîne. Comme tout le monde, il attend désormais les résultats.

 

19h37. Les juges (Pepito, Salim et Jimmy) font comme s’ils avaient un bazooka entre les mains. « 1, 2, 3… braaaaa ! » Forzesound, Illusion/ Toxic Crew et K-mel sont les beat killers du jour !

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin

 

Dance to the beat 2013, les résultats


Dance to the beat 2013 Hamza Zoum

Les grands vainqueurs de cette 3e édition

- New style, 4 vs 4, 600€ : Forzesound Crew (Icee, Boubou, Luffy et Willem), Paris bat Deetroit Rockstarz (Beckz, Deko, Smudee et Mirakle), Aix-la-Chapelle (Allemagne).
- Breakdance, 4 vs 4, 600€ : Toxic Illusion (Thug, Kirikou, Cevat, Chicha), Alliance Toxic Crew+Illusion Crew, Mulhouse-Strasbourg, bat WBB (Mounir, Tony, Mathieu et Nass), Troyes.
- MusiKlité, 1 vs 1, 100€ : K-mel (Project X, Luxembourg) bat Willem (Forzesound Crew, Paris/ Silent School, Reims).

 

Big up aux juges !
Break :
Salim (Pockemon Crew/Arabiq Flavour, Metz-Lyon).
New style :
Jimmy ''Yudat'' Zelou (Paris).
MusiKlité :
Pepito Fractal (Lille).

 

En marge de l’évènement, une collecte de fournitures scolaires (cahiers, classeurs, stylos, feuilles…) destinée aux enfants du Maroc, a été organisée en partenariat avec l’association Khamsa. « Penser aux autres, c’est se respecter soi-même », a joliment écrit Hamza.

 

Pour en savoir plus :
- Le trailer du battle
 « Dance to the beat 2013 »
- L'album photo du battle
« Dance to the beat 2013 »
- Dance to the beat (Facebook, page officielle + vidéos)
- Dance to the beat 2013 (page Facebook)
- Dédicaces au MTB Crew de Lisko (Page Facebook) (Rien ne m'arrêtera, live acoustique) et à Bustyal Haarp (site) (Évasion) 

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 17:02

 

Afro House Babson Wanted Serial Stepperz 2

 

Au départ, on était simplement venu pour le fun. Mais jeudi, on s’est finalement pris au jeu. Du coup, on a esquissé nos premiers steps en Afro House. Retour sur cette grande première.

 

Jeudi 5 décembre 2013, 18h30, Trèves Dance Center, Metz. Direction la salle 1 pour un petit évènement : le premier cours d’Afro House de la région Lorraine.

 

Béret bleu foncé sur le crâne, le prof d’Afro House Mehdi Mimèche aka Dimey (M.A.M) franchit le seuil de la porte. Sac en bandoulière, on est quatre à le suivre. Trois filles et moi.

 

Waouh, y’a pas foule ! Mais, à y regarder de plus près, rien d’alarmant. Y faut toujours un peu de temps pour que l’info circule, pour que le cours se mette en place et qu’il trouve son public.  

 

A la base, on a prévu de s’asseoir gentiment sur le côté et regarder le cours. Mais Dimey pète un son house dont il a secret. Un son qui nous parle. Un son au rythme entraînant qui nous permet de vaincre notre timidité. On lâche direct stylo, cahier. On se lève. Impossible de résister à l’appel de la vibe’sssss !

 

L’Afro House, entre fondations et traditions

 

 

Après un échauffement cardio et un petit chlouc d’eau, on est dans les « starts » pour apprendre les bases de l’Afro House, un nouveau concept développé en France par Babson (Wanted Posse/ Serial Stepperz, Paris)*. Un savant mélange entre fondations et traditions qui tient en une équation : Afro+house dance = Afro House dance.

 

« L’Afro House est un mélange, un lien, un fusion entre les danses ancestrales traditionnelles africaines (sabar, pantsula…) et les fondamentaux techniques de la house dance. Mais contrairement à cette dernière - qui est davantage une danse aérienne -, les steps sont ici plus ancrés, enracinés dans le sol. C'est ce qui rend l’Afro House plus accessible », explique Mehdi.

 

Une image nous vient alors à l’esprit. Celle d’un arbre. Avec nos pieds, nos jambes, il y a cette connexion avec la Terre qui s’établit. Là où sont enfouis nos racines, nos origines, nos ancêtres. Là, où l’on puise notre force, notre énergie, notre inspiration.

 

Feeling, musicalité, partage

 


« Et 5, 6, 7, 8 ! ». Au fur  et à mesure, la choré s’enrichit. On ajoute à chaque fois des pas, des éléments. On est concentré. On a envie de bien faire. Avec Déborah, notre voisine de droite, on a la fâcheuse tendance de s’éloigner du miroir. Mais à quatre, on peut pas franchement se planquer.

 

Lilia (5 ans), la petite fille métisse de Salim et Abi - respectivement parrain et directrice du Trèves Dance Center -, nous scrute du regard. Intriguée, elle multiplie les allers-retours dans la salle. On a intérêt d’assurer. Faire les bons mouvements, être dans le bon tempo et veiller à bien onduler, déhancher notre bassin comme Beyoncé ou Shakira.

 

« Un bon danseur, c’est quelqu’un de relâché », nous fait ensuite remarquer Mehdi. Qu’est-ce qu’y a ? On est tendu, crispé, raide comme un piquet ? OK, on va essayer d’être plus dans le feeling, plus dans le ressenti de la musique. Plus dans l’amusement, le plaisir. Plus dans l’échange, le partage, le délire. Sans oublier de mettre ce côté tribal, primitif, sauvage qui caractérise l’Afro House.

 

Un roulement des épaules, un petit saut et quelques mouvements de bras à la Sean Paul façon Moussier Tombola plus tard, on parvient tant bien que mal à boucler la choré. On est à la fois heureux, soulagé et… frustré. Car il est déjà 19h30, l’heure de remballer les gaules.

 

Quentin, le prof de zumba, tout de yellow vêtu, s’apprête à prendre le relais. « Alors, t’as trouvé comment ce premier cours d’Afro House ? », demande-t-on à Déborah. - « Waaahhh, j’ai kiffé, c’était cool ! », répond cette petite blonde à lunettes, ravie. - « Vous, ça se sent, vous avez de l’Afro en vous ! », lance Mehdi à l'une des participantes. Jeudi prochain, il y a fort à parier que ce petit bout de femme replongera dans cet univers enivrant fait de pulsations répétitives, d’Afro House beats. Pour vibrer, s’éclater et polir le diamant noir qui se cache… au fond de son cœur !

 

Ismaël Bouchafra-Hennequin

 

 

 

* D’origine sénégalo-malienne, Ousmane Sy - dit Babson ou Baba -  (Wanted Posse/ Serial Stepperz, Paris) est, depuis 2003, l' un des précurseurs du mouvement Afro House Dance. Considéré comme l’un des pionniers de la house dance en France, cet ancien footballeur a remporté de nombreux battles internationaux (Europe, USA, Japon, Canada…). Notamment le Juste Debout à quatre reprises (2003,2004,2006 et 2012). Homme à multiples casquettes, il est à la fois danseur, interprète, chorégraphe, professeur, speaker, juge, organisateur d’évènements (Cercle Underground, Boot Dance Camp) et... directeur artistique du théâtre d’Evry. Rien que ça !

 

NB : Une pensée particulière pour l’Afrique Sud, la nation arc-en-ciel - le berceau de l’Afro House - qui, ce jour-là, a perdu l’une de ses plus belles couleurs : Nelson Mandela aka Madiba.

 

Pour en savoir plus :
- Les cours d'Afro House ont lieu tous les jeudis de 18h30 à 19h30 au Trèves Dance Center, situé à Metz (site internet) (page Facebook)

- Une petite compil' qui passe crème (Afro House Enjoy Dj Kizaca 2013)

Partager cet article
Repost0